D'étranges structures peuplent toujours le 10 ème étage (Photo E.C)
Vue depuis le rez-de-chaussée. Les jumelles trônent sur le toit de la cité Pinçon (Photo E.C)
Cet institut a ouvert au public tous les après-midis pendant 15 jours, du 25 juin au 9 juillet. Les traces de la convivialité passée résistent encore. Incrustés à la craie, les nombreux tableaux affichent toujours les menus des repas ou les noms des personnes en charge du coin esthétique. La vue à 360 degrés sur la ville est imprenable. “Je me suis pris une claque la première fois que je suis montée”, affirme Gwennaelle Larvol, plasticienne et ingénieur culturelle pour Bruit du frigo, une association lancée en 1997 avec la volonté d’impliquer les citoyens dans la construction de la ville qu’ils habitent. Le collectif a mis en place ce “lieu possible”, une de leurs nombreuses actions menées dans les zones de renouvellement urbain.
Une vue à 360° depuis cet observatoire privilégié de la cité bordelaise (Photo E.C)
“C’est un concept original qui a permis de se réunir ailleurs que dans la rue, de partager des moments de convivialité avec les mamies, les mamans et les plus jeunes, et de se faire belle”, raconte Sarah*, une jeune étudiante de 20 ans. Mélanie, habitante du 2e étage de la cité Pinçon, était une fidèle de l’Institut du Point de Vue, et une barmaid occasionnelle à la buvette. “L’initiative aurait pu être plus adaptée au quartier”, regrette-t-elle. Le point de vue de Mélanie, habitante de la cité Pinçon by Bastide Brazza Blog
Mélanie, fidèle de l'institut et barmaid occasionnelle (Photo E.C)
Point zéro
C’est au milieu des arbres qu’est né le projet de “l’Institut du Point de Vue”. “Tout a commencé en 2011, dans le parc de la cité Pinçon, au Brasero, un restaurant temporaire, un abri, un endroit pour la pratique du sport, mais aussi un outil de détournement pour attirer les habitants, les faire s’exprimer sur leur quartier”, explique Gwennaelle Larvol.
Bruit du Frigo profitait de la pause casse-croûte pour distribuer des sets de tables avec un questionnaire sur le secteur : une autre manière de faire avancer “l’atelier d’urbanisme utopique” que les réunions prévues à cet effet.
« Nous avons mené une réflexion sur l’amélioration du quartier avec ses acteurs et ses habitants. Il n’y avait pas de limites dans les propositions : de celles ancrées dans une nécessité quotidienne à des idées plus fantasmée, décrit Gwenaelle Larvol. Rêver un quartier autrement crée du collectif, on s’éloigne alors des besoins individuels”
Gwenaëlle, plasticienne au sein du Bruit du frigo en charge du projet (Photo E.C)
Parmi les six projets évoqués, celui de la réouverture des toits-terrasses a été choisi pour passer des plans à la réalisation. Le dernier étage de la cité Pinçon, fermé depuis 10 ans, servait dans les années 1950 de séchoir à linge.
“Au brasero, lors des réunions, nous avons discuté des prix trop élevés du hammam de la Benauge et de notre envie d’en avoir un moins cher. Mais le résultat sur le toit n’était pas un véritable hammam. Les petites cabines aménagées ressemblaient plus à des douches”, s’amuse Mina, une des “mamans du quartier”, qui a mis la main à la pâte plus d’une fois pour les repas servis au Brasero.
Cet été, Mina est allée se faire coiffer à l’institut. Avec de grands gestes, elle raconte : “C’était très drôle quand il y avait du vent et que nos cheveux s’envolaient dans tous les sens”. “Les soins étaient payants sur contribution libre”, signale Gwenaelle. Mina et sa soeur ont chacune donné 5 euros pour leur rendez-vous chez le coiffeur.
Mina, maman du quartier by Bastide Brazza Blog
Des coiffeurs nomades peuplaient le toit-terrasse de la cité Pinçon (Photo E.C)
Et si c’était à refaire?
« Il y a une demande pour que les toits-terrasses soient rouverts » by Bastide Brazza Blog
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