BastideBrazzaBlog » Vie de quartier http://bastidebrazzablog.fr Thu, 10 Jan 2013 14:11:07 +0000 en hourly 1 http://wordpress.org/?v=3.3.1 Darwin, une espèce de projet http://bastidebrazzablog.fr/darwin-une-espece-de-projet/?utm_source=rss&utm_medium=rss&utm_campaign=darwin-une-espece-de-projet http://bastidebrazzablog.fr/darwin-une-espece-de-projet/#comments Fri, 23 Nov 2012 10:48:17 +0000 audreychabal http://bastidebrazzablog.fr/?p=2944 /* Add Social Bookmars Plugin By Aditya Subawa @ www.adityawebs.com */ ul.aditya-social { list-style:none; margin:15px auto;display:inline-block; } ul.aditya-social li { display:inline; float:left; background-repeat:no-repeat; } ul.aditya-social li a { display:block; width:48px; height:48px; padding-right:10px; position:relative; text-decoration:none; } ul.aditya-social li a strong { font-weight:normal; position:absolute; left:20px; top:-1px; color:#fff; padding:3px; z-index:9999; text-shadow:1px 1px 0 rgba(0, 0, 0, 0.75); background-color:rgba(0, 0, 0, 0.7); -moz-border-radius:3px; -moz-box-shadow: 0 0 5px rgba(0, 0, 0, 0.5); -webkit-border-radius:3px; -webkit-box-shadow: 0 0 5px rgba(0, 0, 0, 0.5); border-radius:3px; box-shadow: 0 0 5px rgba(0, 0, 0, 0.5);} ul.aditya-social li.aditya-facebook { background-image:url("/wp-content/plugins/wp-add-socialbookmarks/images/facebook.png"); } ul.aditya-social li.aditya-twitter { background-image:url("/wp-content/plugins/wp-add-socialbookmarks/images/twitter.png"); } ul.aditya-social li.aditya-stumbleupon { background-image:url("/wp-content/plugins/wp-add-socialbookmarks/images/stumbleupon.png"); } ul.aditya-social li.aditya-digg { background-image:url("/wp-content/plugins/wp-add-socialbookmarks/images/digg.png"); } ul.aditya-social li.aditya-delicious { background-image:url("/wp-content/plugins/wp-add-socialbookmarks/images/delicious.png"); } ul.aditya-social li.aditya-yahoo { background-image:url("/wp-content/plugins/wp-add-socialbookmarks/images/yahoo.png"); } ul.aditya-social li.aditya-reddit { background-image:url("/wp-content/plugins/wp-add-socialbookmarks/images/reddit.png"); } ul.aditya-social li.aditya-technorati { background-image:url("/wp-content/plugins/wp-add-socialbookmarks/images/technorati.png"); } #aditya-cssanime:hover li { opacity:0.2; } #aditya-cssanime li { -webkit-transition-property: opacity; -webkit-transition-duration: 500ms;-moz-transition-property: opacity; -moz-transition-duration: 500ms; } #aditya-cssanime li a strong { opacity:0; -webkit-transition-property: opacity, top; -webkit-transition-duration: 300ms; -moz-transition-property: opacity, top; -moz-transition-duration: 300ms; } #aditya-cssanime li:hover { opacity:1; } #aditya-cssanime li:hover a strong { opacity:1; top:-10px; } /* Add Social Bookmarks Plugins By Aditya Subawa @ www.adityawebs.com */ Sur les ruines de l’ancienne Caserne Niel, une utopie urbaine est en pleine évolution. Mais quelques grains de sables se sont intégrés dans la belle machine. D’un côté le projet...]]> DARWIN

L'écosystème en chantier / photo A.C

Sur les ruines de l’ancienne Caserne Niel, une utopie urbaine est en pleine évolution. Mais quelques grains de sables se sont intégrés dans la belle machine. D’un côté le projet Darwin piétine mais s’installera, de l’autre, la Fabrique Pola risque de rester à quai. 

« On devrait en être à l’inauguration des locaux», soupire Frédérick Latherrad, grosses moustaches et petites lunettes. « Devrait », un conditionnel qui en dit long sur l’état d’incertitude dans lequel se trouve notre interlocuteur. Entre deux rendez-vous et entre deux rives, Latherrade s’est posé une bonne heure place Stalingrad pour causer de l’avenir de la Fabrique Pola, son bébé.

Pola devait s’installer sur  le site de l’ancienne caserne Niel laissée à l’abandon depuis le début des années 2000. De l’espace et des friches pour réaliser une « utopie urbaine », comme disent ses concepteurs. De l’économique, de l’écologique et du culturel, le tout dans un quartier en plein chambardement. Chouette ! Seulement voilà : faire vivre une belle idée, ce n’est pas toujours simple.

Pour bien comprendre la déception des artistes, reprenons depuis le début.

En 2008, Bordeaux fait savoir qu’elle candidate au titre de capitale européenne de la culture dans cinq ans. Les acteurs se mettent au travail et les projets s’accumulent. Aurélien Gaucherand, un darwinien, raconte :
Aurélien Gaucherand de Darwin : « il y a eu un rapprochement entre Inoxia et le collectif Pola » by Bastide Brazza Blog

Frédérick Latherrad l’avoue, « on a saisi cette opportunité et depuis, on pense la Fabrique Pola sur le site de la caserne.» Une véritable pépinière de créateurs. En fait, dès le début, on avait pu discerner quelques dissonances. Au cœur même du dossier, le projet intitulé « Utopies urbaines / nouveaux territoires de l’art » suscitait déjà des réserves. « Simple utopie ou projet structurant ? L’avenir de notre candidature nous le dira», écrivaient certains concepteurs. On le voit, les incertitudes ne datent pas d’aujourd’hui.

Dans l’attente

Quelques mois plus tard, la candidature de Bordeaux n’est pas retenue. Marseille est choisie. Exit l’ambition culturelle de Bordeaux à horizon 2013. La ville voit des subventions précieuses lui passer sous le nez. Richard Coconnier, porteur de la candidature Bordeaux 2013 et aujourd’hui chargé de mission urbanité-culture à la CUB, affirme : « Darwin est un projet économique, la Fabrique Pola, ça n’a rien à voir ».

Ah bon ! Mais pour les acteurs pressentis sur le site de l’ancienne caserne Niel, il y a bien un rapport, et si Jean-Marc Gancille, cofondateur de l’écosystème Darwin parle de « projet commun au moment de la candidature », à l’heure actuelle, l’écosystème Darwin est sur les rails et Pola reste sur le bas-côté.

Alors pourquoi une telle distorsion ? Frédérick Latherrad fait un petit mea culpa :
 Frédérick Latherrad de la Fabrique Pola : « les collectivités ne s’engageront pas si c’est du provisoire » by Bastide Brazza Blog

« On n’a pas réussi à mettre d’accord les collectivités. Entre temps, on s’est installé aux Bassins à flot, dans des locaux provisoires. On a perdu du temps en réalisant des études sur notre implantation à Niel, un temps qu’on ne peut pas rattraper. Et aujourd’hui, on doit déménager, puisque la mairie a un projet de ZAC aux Bassins à flot. » Alors, si toute l’équipe n’atterrit pas à Niel, où va-t-elle jeter l’ancre ?…

Il faut dire que l’installation de Pola à la caserne couterait 4,5 millions d’euros. « Et nous, on ne les a pas », concède le fondateur de Pola. La différence entre Pola et Darwin se situe donc là. D’un côté des artistes qui se regroupent pour mutualiser leurs forces mais dont le financement se trouve essentiellement auprès de collectivités de plus en plus sourdes. De l’autre, des communicants, des entrepreneurs, qui se targuent de n’être subventionnés qu’à hauteur de 6% par les pouvoirs publics.

Alors, pendant que certains font visiter leurs futurs locaux, d’autres bataillent simplement pour sauver leur peau. La Fabrique, un microcosme aujourd’hui dans l’attente du verdict politique. Une situation « hyper inconfortable, hyper problématique », décrite par un membre de Pola qui n’a pas souhaité voir son nom apparaître : « Il faudrait que la mairie et la CUB s’entendent. La question est urgente et complexe, et avec la perspective des élections municipales de 2014, le contexte politique est de plus en plus tendu, ça n’arrange rien. »

Un désarroi quelque peu tempéré par Frédérick Latherrad pour lequel « le climat est serein, on doit de toute façon prendre une décision ».

Pour l’instant la solution proposée est de transférer la Fabrique Pola au tri postal à Bègles. Une solution là encore provisoire comme l’indique Richard Coconnier de la CUB : « Les collectivités territoriales sont en train de négocier l’implantation de Pola à la Bastide dans deux ans environ. Le coût de cet investissement est très lourd. En attendant, l’installation au tri postal à Bègles est une solution étudiée sérieusement. Pour trois ans, maximum. » Attendons-donc que ça se débloque et parlons de ce qui roule : Darwin.

Ecosystème, éco responsable, éco-quoi ?

Bon, alors concrètement, c’est quoi l’écosystème Darwin ? Car pour l’instant, pour les bastidiens et pour les bordelais, ce qui se trame dans la friche Niel, c’est encore abstrait. D’ailleurs on ne voit pas trop ce que font tous ces darwiniens.

Rive droite, à l’entrée de l’ancienne caserne militaire. Un panneau géant attire l’attention : « Darwin, l’écosystème de la caserne Niel ». Derrière les grilles, des bâtiments en enfilade. Sur la gauche, les magasins généraux, en pleine réfection, qui doivent accueillir d’ici peu les locaux de Darwin, une pépinière d’entreprises, un espace de « coworking », flanqué d’une conciergerie, de salles de réunion, d’une boulangerie, d’une supérette bio et d’une boutique « d’éco mobilité ».

En face, une charpente de ferraille ouverte sur le ciel est soutenue par des murs délabrés, couverts de graffs. Derrière les magasins généraux en travaux, on découvre d’autres vestiges, pas en meilleur état.
Le projet Darwin devrait faire cohabiter ici entreprises, associations et vie de quartier avec un credo : la transition écologique de l’économie.

A la base de cette « utopie urbaine », il y a Philippe Barre. En 2000, cet Aquitain de bonne famille crée une agence de pub, Inoxia, au fonctionnement original : bilan carbone réduit, différences de salaires entre les employés ne devant pas dépasser les 1600 euros, formation permanente des personnels, etc. Six ans plus tard, Barre souhaite concrétiser ses convictions.

« On avait besoin d’un lieu pour donner corps à cette idée de transition écologique avec une économie qui ait plus de sens, se souvient Jean-Marc Gancille, numéro 2 du groupe. On a donc acheté à la CUB une parcelle de terrain, un hectare avec quatre bâtiments posés dessus. »

Esprit Darwin es-tu là ?

Hangar Darwin

Skate park indoor / photo A.C

Cette acquisition étant faite, il fallait alors coller à cet esprit Darwin qui sous-tend l’ensemble du projet. Aurélien Gaucherand, consultant chez Inoxia, souligne que « chaque acteur qui entre dans l’écosystème Darwin doit s’engager sur une charte commune. Toutes les décisions sont prises de manière collective. » L’exemple le plus concret de ce modèle se trouve très certainement dans le grand hangar central, avec son skate-park indoor voulu par Philippe Barre. « Une zone autonome temporaire », comme le qualifie Aurélien Gaucherand.

En un an, ce hangar, à l’intérêt architectural plutôt nul, est devenu l’endroit à la mode pour les passionnés de glisse. Le tout étant supervisé par une fédération d’associations qui a investi les lieux et développé ce concept de hangar autogéré dédié aux cultures urbaines. Au menu : récupération, recyclage, entraide.
Problème. Le Hangar Darwin, espace rassembleur et fonctionnant à la débrouille, est amené à disparaître. «Nous avons une autorisation d’occupation temporaire délivrée par la CUB jusqu’en 2013 », précise Jean-Marc Gancille. Le hangar devrait ensuite devenir un lieu mixte avec parking et skate-park payant.

Alors pourquoi transformer ce lieu qui semble aujourd’hui fonctionner ? Réponse : le triptyque infernal sécurité, droit et argent est venu mettre son nez dans le dossier. Tel qu’il est, l’endroit n’est pas aux normes. Et le coût des travaux pour installer des portes anti-panique et un système de désenfumage est estimé à 200 000 euros. Des fonds ont été demandés à la mairie. Mais celle-ci réalisera-t-elle un tel investissement pour un lieu qui pourrait, sous une autre forme, rapporter de l’argent au lieu d’en coûter ? Car l’idée du parking ne sort pas de nulle part. L’écosystème Darwin sera voisin de l’éco quartier Bastide. De futures habitations et donc de futurs véhicules à garer. Une manne dont les responsables politiques pourraient avoir du mal à se passer.

Un éco quartier ? et donc Darwin, c’est aussi écolo ?

« Les espèces qui survivent ne sont pas les plus fortes ni les plus intelligentes, mais celles qui s’adaptent le mieux au changement.» Charles Darwin.
Les concepteurs l’affichent clairement sur leur site : « L’espèce humaine vit une crise sans précédent. Au cyclone de la crise économique et sociale s’ajoute le spectre bien réel d’une crise écologique qui menace notre survie même. » Une théorie scientifique et un postulat philosophique dont les darwiniens se réclament. Leur objectif ? La transition écologique de l’économie.

Un chantier vert c'est ça photo A.C

Un chantier vert c'est ça / photo A.C

Dans le discours on se retrouve avec une ribambelle de termes verts. Mais au-delà du discours, Darwin, dans les faits, c’est vraiment écolo ? Alors oui, les travaux dans les magasins généraux sont verts, le bâtiment sera vert, et la pelouse aussi. Un édifice sans climatisation et un système d’extinction automatique des lumières. Tri des déchets, énergies renouvelables. « Une démarche négawatt », selon Jean-Marc Gancille. D’ailleurs, Darwin n’est plus dans le giron d’EDF. Ses concepteurs ont préféré opter pour Enercoop, seul fournisseur d’électricité à s’approvisionner directement et à 100% auprès de producteurs d’énergies renouvelables.

Au final, l’idée est de rendre le bâtiment éligible au label Effinergie rénovation basse consommation. Une «prouesse » possible grâce à la texture même du bâtiment. Les murs sont épais, ça retient la chaleur. Bon.

« Le vert c’est tendance, c’est dans l’air du temps »

Autre exemple de cette tendance verte, le groupe Vertige qui va installer sur le site une station expérimentale afin de développer ses toitures végétalisées. Stéphane Demguilhem, le dirigeant et fondateur de Vertige, espère d’ailleurs recouvrir le toit de la future crèche de son tapis de cacao et café où pousse la verdure. Petit bémol à cet enthousiasme verdoyant du côté de Jean-Marc Gancille : « Pour le toit de la crèche, rien n’est fixé ». Trop vert le toit cher ? Et inversement.

Ce même Jean-Marc Gancille ne le cache pas : « le vert c’est tendance, c’est dans l’air du temps ». Voilà qui est dit. Du coup, on se pose la question. Chez les créateurs de Darwin, s’agit-il d’une réelle prise de conscience, d’un vrai souci de l’environnement, ou tout simplement d’une vague verte sur laquelle on surfe ? Les deux, probablement.

Premier paradoxe, Philippe Barre qui a investi 13 millions d’euros dans l’aventure. Comme le précise Jean-Marc Gancille, « il aurait pu ne pas prendre de risque et ne pas se lancer dans ce projet où il peut tout perdre».
Tout de même, il est surprenant de voir que les acteurs de ce projet viennent pour beaucoup de grands groupes, bien éloignés des préoccupations écolo et autres utopies collaboratives. Jean-Marc Gancille a travaillé durant des années comme directeur de la communication et du développement durable chez Orange, et comme directeur marketing chez France Telecom. Et Sylvain Lepainteur, concierge en chef et crécheur, a travaillé pour la Française des jeux. Mais comme il l’explique, sa rencontre avec Philippe Barre est arrivée à point.
Greenwashing ou pas, le projet avance. Fonds privés et acteurs motivés et convaincus.
Mais entre le discours affiché et l’investissement à trouver, y aurait-il incompatibilité ? Le projet Darwin de la caserne Niel a fait rêver bien des bordelais. Sa réalisation finale pourrait engendrer plus d’amertume que d’enthousiasme.

Bon, et si vous n’avez toujours rien compris, Jean-Marc Gancille résume tout en moins de trois minutes :
 Jean-Marc Gancille de Darwin : L’origine de l’espèce by Bastide Brazza Blog

Audrey CHABAL / BastideBrazzaBlog

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Dans l’ombre du tram http://bastidebrazzablog.fr/dans-lombre-du-tram/?utm_source=rss&utm_medium=rss&utm_campaign=dans-lombre-du-tram http://bastidebrazzablog.fr/dans-lombre-du-tram/#comments Fri, 16 Nov 2012 16:06:31 +0000 clemenceboheme http://bastidebrazzablog.fr/?p=2971 Que fait le tram quand vous n’êtes pas dedans? Cette question ne nous semblait pas se heurter au secret défense et pourtant ! Les services de la communication de Kéolis, exploitant de TBC, se sont mis à notre disposition pour nous ouvrir les portes de l’atelier… et nous empêcher de poser des questions aux ouvriers. D’où cette étrange vidéo dans laquelle nous avons dû protéger l’anonymat des employés qui s’activent, bichonnent et soignent le tram.

Clémence Bohême & Julian Colling / BastideBrazzaBlog

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Joël Donate, celui qui ramassait des pierres pour en faire des voisins http://bastidebrazzablog.fr/joel-donate-celui-qui-ramassait-des-pierres-pour-en-faire-des-voisins/?utm_source=rss&utm_medium=rss&utm_campaign=joel-donate-celui-qui-ramassait-des-pierres-pour-en-faire-des-voisins http://bastidebrazzablog.fr/joel-donate-celui-qui-ramassait-des-pierres-pour-en-faire-des-voisins/#comments Thu, 15 Nov 2012 20:37:05 +0000 remydemichelis http://bastidebrazzablog.fr/?p=2950

Joël taille la pierre et la bavette. Il vivait à la Bastide et c’était bonnard. Quand il est parti, il a emporté souvenirs et caillasses. Démolition, reconstruction. Les caillasses sont devenues ses souvenirs. Tribulations dans les rues de la Bastide, chroniques du passé dans sa cave, galères et tuiles, l’air pépère.

 

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Rémy Demichelis & Alix Mounou / Bastide Brazza Blog

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Allées Serr : l’œil de l’architecte http://bastidebrazzablog.fr/allees-serr-loeil-de-larchitecte/?utm_source=rss&utm_medium=rss&utm_campaign=allees-serr-loeil-de-larchitecte http://bastidebrazzablog.fr/allees-serr-loeil-de-larchitecte/#comments Fri, 02 Nov 2012 17:57:12 +0000 leliadematharel http://bastidebrazzablog.fr/?p=2587

Les plans du pôle de gestion on été signés par deux architectes bordelais, Anne Lacaton et Jean-Philippe Vassal. Crédit : Lélia de Matharel

Laurent Gouyou s’est installé à la Bastide en 1998. Depuis 10 ans, il a vu le quartier changer sous la patte de ses collègues architectes. Il nous emmène pour une visite guidée sur les allées Serr, ce grand axe qui part de la friche ferroviaire et qui descend jusqu’à la Garonne. Au programme, trois bâtiments qui ont marqué l’histoire récente de Brazza.

 

 

Kicéki ?

Petites fiches pour les malins qui voudraient infiltrer le monde mystérieux de l’architecture, alors qu’ils n’y connaissent rien.

Laurent Gouyou :

C’est le gentil organisateur de la visite. Un architecte de 53 ans qui a fait ses études « d’archi », puis a monté son agence à Bordeaux. Installé à la Bastide depuis 15 ans, il connaît chacune de ses ruelles.

Son nom ne vous dit peut-être rien, mais vous connaissez surement l’antenne TBC au milieu de la place des Quinconces. C’est lui. Le nouvel agencement du cours Victor-Hugo ? Encore lui. Depuis 10 ans, il s’est focalisé sur des programmes d’aménagement urbain. Dernier projet sur le feu : Cœur de ville, ou comment redynamiser le centre d’Eysines, une commune située au nord-ouest de Bordeaux.

Yves Lion :

Deux fois récompensé par une Équerre d’argent (une récompense prestigieuse de la profession), cet architecte français né en 1945 à Casablanca joue dans la cour des grands. Son dada, ce sont les logements sociaux. Noisy-le-Grand, Saint-Denis, Montreuil, Aubervilliers… La liste est longue : 6000 logements portent aujourd’hui sa signature. Yves Lion a construit une vision nouvelle de la ville. Il a par exemple pensé l’aménagement de la Plaine Saint-Denis, ou encore celui du quartier Neuhof, à Strasbourg.

Christian de Portzemparc :

Je ne vous ferai pas la liste des récompenses gagnées par cet architecte prestigieux. Vous pouvez aller voir sa page wikipédia, ça ira plus vite. Pour bien mesurer l’ampleur du phénomène, quand on tape son nom sur google, on obtient 393 000 résultats. Voilà. Si vous voulez quelques photos pour visualiser ses oeuvres, il a réalisé la Cité de la musique à Paris, la tour LVMH à New York, le musée Hergé en Belgique, j’en passe et des meilleures.

Anne Lacaton et Jean-Philippe Vassal :

Ces deux enfants du pays ont fait leurs études à Bordeaux. Ils ont monté ensemble une agence en 1987. Purs produits du centre d’architecture girondin Arc en rêve, pour lequel Anne Lacaton a travaillé pendant 6 ans, ils développent une « architecture de l’essentiel ». Des logements plus grands, avec une surface construite plus importante pour un même budget. Ils utilisent donc des systèmes de construction simples et efficaces. Leur projet le plus emblématique est l’université Pierre Mendès-France, à Grenoble.

 

Lélia de Matharel / BastideBrazzaBlog

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La Bastide version jazz : portrait musical du quartier http://bastidebrazzablog.fr/la-bastide-version-jazz-portrait-musical-du-quartier/?utm_source=rss&utm_medium=rss&utm_campaign=la-bastide-version-jazz-portrait-musical-du-quartier http://bastidebrazzablog.fr/la-bastide-version-jazz-portrait-musical-du-quartier/#comments Fri, 02 Nov 2012 17:53:00 +0000 leliadematharel http://bastidebrazzablog.fr/?p=2745

Hervé Saint-Guirons (second plan) accompagné à la guitare de Yanne Pénichou. Crédit : JC

Hervé Saint-Guirons est venu jouer récemment au restaurant Le Caillou, avec son frère d’armes Yanne Pénichou. L’organiste du groupe de jazz Organ Project s’est installé rive droite après ses études. Une chose l’a attiré de l’autre côté de la Garonne : l’espace. Quand on est musicien, on a besoin de place pour répéter. « Ici, les appartements sont moins chers que dans le centre de Bordeaux. Rive gauche, les musiciens potassent leurs partitions dans des caves. Mais quand on joue de l’orgue et du piano, c’est un peu compliqué », explique cet informaticien de 35 ans. « Et puis, dans ce quartier, on a moins de problèmes de voisinage. »

Le claviériste a d’abord emménagé rue Gustave-Carde, à deux pas de la caserne Niel, juste à côté d’un ancien bistrot. Ce qui l’a frappé ? « A l’époque, au fond du jardin, il y avait des cabanes avec des prostituées. » Notre jazzman « bastidien » vit maintenant à la Benauge. « Brazza a beaucoup évolué, mais les Bordelais du centre-ville ne s’en rendent pas compte. Pour eux, c’est toujours un lieu de perdition, malfamé », se moque-t-il.

Et de conclure par une savoureuse anecdote : « Un jour, j’ai discuté avec un vieux bonhomme, qui devait avoir dans les 80 ans. Il m’a raconté que pendant la Deuxième Guerre Mondiale, les Allemands étaient arrivés à Bordeaux par l’avenue Thiers. Partant de là, il disait qu’il n’y a rien à sauver à la Bastide… » Sourire goguenard.

Mais Hervé Saint-Guirons n’est pas conteur, il est musicien. L’organiste s’installe derrière son instrument, fait un clin d’œil à Yanne Pénichou et commence à jouer un air de sa composition. Une évocation musicale de la rive-droite. Un « boeuf » à la sauce Bastide, tout en calme puis agitation – bien représentatif du quartier -, qu’il nous donne et qu’on vous offre bien volontiers.

La bastide en musique by Bastide Brazza Blog

Julian Colling & Lélia de Matharel / BastideBrazzaBlog

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On m’a raconté que… http://bastidebrazzablog.fr/on-ma-raconte-que/?utm_source=rss&utm_medium=rss&utm_campaign=on-ma-raconte-que http://bastidebrazzablog.fr/on-ma-raconte-que/#comments Fri, 02 Nov 2012 14:21:07 +0000 jeanbaptistebourgeon http://bastidebrazzablog.fr/?p=2122

Infos, intox, bruits de couloir ou légendes urbaines, nous avons récolté quelques anecdotes sur la rive droite. Invérifiables, confirmées ou simples rumeurs, quel est leur degré de crédibilité ? Consultez la jauge et complétez nos informations avec vos commentaires.

Marc Bourreau & Jean-Baptiste Bourgeon / BastideBrazzaBlog

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Et que fait la police ? http://bastidebrazzablog.fr/et-que-fait-la-police/?utm_source=rss&utm_medium=rss&utm_campaign=et-que-fait-la-police http://bastidebrazzablog.fr/et-que-fait-la-police/#comments Thu, 01 Nov 2012 19:48:20 +0000 aureliesimon http://bastidebrazzablog.fr/?p=2267

Les policiers patrouillent tous les jours dans le quartier.

Calme et résidentiel : voilà ce qu’il faut retenir du quartier de La Bastide. Une journée au commissariat, c’est avant tout des patrouilles de prévention. Leur objectif ? Être visible de la population et apaiser les rares tensions.

9h, les portes du commissariat s’ouvrent et la journée démarre lentement. Autour d’un café, l’heure est au débrief de la soirée de la veille. La salle de repos fait penser à un studio d’étudiant. Affiches du Guetteur et de L’Effraction au mur, l’ambiance policière reste de mise. Dans ce commissariat de secteur (d’environ 15 000 habitants), ils sont douze policiers au total. Deux majors, quatre adjoints de sécurité et six titulaires gardiens de la paix.

Nicolas Crabanat, adjoint de sécurité, retrouve Nicolas Lafont, brigadier mais avant tout son coéquipier. Ils attendent les ordres du jour de l’adjoint chef du secteur. Patrice Detrau travaille à La Bastide depuis seulement deux mois. Pendant les vingt ans qu’il a passés sur Bordeaux, il n’avait patrouillé que rive gauche. Il découvre le secteur et trouve le quartier agréable à vivre. « Il y a des nouveaux ensembles architecturaux ainsi que des plus anciens comme à la Benauge. Les logements neufs attirent de nombreuses personnes et la population devrait s’accroître d’ici à 2014. » Le nombre de Bastidiens augmente mais le quartier reste avant tout une cité dortoir.

« Y’a pire ! »

11h, direction le bureau des plaintes. C’est Sarah Ujicas, brigadier de police qui a la charge de ce poste, ainsi que de l’accueil du public. Ses collègues apprécient son rire qui résonne dans le bâtiment. Cette Calédonienne, Kanak, est arrivée sur Bordeaux il y a une dizaine d’années. Après les Capucins, c’est à La Bastide qu’elle atterrit, il y a sept ans. « Ici, ça n’a rien à voir avec les Capucins. Ça va plus être des dégradations et des vols, de la petite délinquance.» Ce poste, elle l’a avant tout choisi pour les horaires, la vie de famille, pas pour l’attractivité du quartier. « Après, ce n’est pas désagréable, on s’y fait, ça se passe bien. J’aime le contact avec les gens. Y’a pire ! » Il y a pourtant quelques inconvénients…

Bureau des plaintes by Bastide Brazza Blog

12h. Les patrouilleurs du matin sont de retour, rejoints par l’équipe de l’après-midi, venue gonfler l’effectif.  Les Douze coups de midi sur TF1 résonnent. L’heure est au casse croûte. Les blagues fusent autour de la table. Nicolas Lafont apprécie l’ambiance qui règne au sein de la brigade : « On est une bonne équipe, on s’entend très bien. On sort ensemble à la Bodega, on fait du sport aussi. Ce n’est pas partout… Des fois, on est 68 au sein d’une même brigade, c’est trop ».

Un café et à 14h, tous se dirigent place Stalingrad pour un contrôle routier. La migration pendulaire est une des caractéristiques de La Bastide. Le pont de Pierre et le tramway dessinent un axe routier très emprunté par les travailleurs pour rejoindre la rive gauche. Le véhicule de fonction est stationné, les policiers se répartissent sur la voie. « On n’a jamais de soucis avec les gens ici. Ils sont plus calmes, c’est un autre Bordeaux », explique Julie Ducourneau, adjoint de sécurité.

Vos papiers, s’il vous plaît! by Bastide Brazza Blog

Au bout d’une heure, ils n’auront détecté qu’un seul défaut d’assurance. « Officiellement, il n’y a pas forcément de chiffres mais on a quand même une activité à effectuer. On n’a pas à faire dix défauts d’assurance ou trois défauts de permis. Il n’y a pas de pression véritable mais on nous demande de justifier nos huit heures de travail sur le terrain », explique Nicolas Lafont.

A 15 heures, la brigade pédestre se rend quai de Queyries pour le début de la patrouille. Après quelques minutes de marche rapide, ils arrivent à l’ancienne Caserne Niel. Rapide vérification du lieu : aucun jeune ne fume de joints ou ne consomme de l’alcool. Calme, on vous a dit calme.

La brigade reprend la marche. Prochaine étape, le 150 avenue Thiers, le squat Rom et Bulgare. 150 à 200 personnes vivent ici. Les principales difficultés rencontrées : nuisances sonores et insalubrité publique. L’évacuation des déchets est en effet problématique. « Il y a aussi une belle économie souterraine de vols, de cambriolages et de récupération de métaux mais pas d’agressions physiques » souligne Nicolas Lafont. Ce jour-là, les policiers n’ont fait que jeter un rapide coup d’œil dans le squat.

Des infractions en baisse

Et maintenant, direction la cité de la Benauge. Cet ancien quartier plutôt chaud est aujourd’hui vieillissant. Beaucoup plus apaisé que dans le passé. La baisse des infractions est de 11 % sur les neufs premiers mois de 2012, par rapport aux neufs premiers mois de 2011. Il y a toujours des occupations de halls mais surtout une cohabitation difficile entre jeunes et personnes âgées.

Dernière étape, le quai de Brienne. Rendez-vous coquins après le bureau : une douzaine de prostitués est venue s’y installer. Là encore, pour Nicolas Lafont, la situation reste maîtrisée. « De temps en temps, on essaie de mettre la pression pour enlever les véhicules mais elles reviennent tout le temps. De plus, elles sont toujours dans les camions, il n’y a pas de racolage. »

Une journée au commissariat de La Bastide fait tomber quelques préjugés. Les relations sont apaisées et les différentes populations réussissent à cohabiter. Un secteur calme donc, mais le travail de terrain et de prévention des policiers n’y est peut-être pas pour rien. Paul Bousquet, commissaire de police et adjoint au chef du service de sécurité de proximité, pense que « l’insécurité se développe là où il y a de l’argent. Et donc, dans le centre-ville de Bordeaux».

Aurore Jarnoux & Aurélie Simon / BastideBrazzaBlog

Les différents secteurs de patrouille et, en rouge, les lieux qui requièrent une attention particulière.

 

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Le Kilika : un café pour la route http://bastidebrazzablog.fr/le-kilika-un-cafe-pour-la-route/?utm_source=rss&utm_medium=rss&utm_campaign=le-kilika-un-cafe-pour-la-route http://bastidebrazzablog.fr/le-kilika-un-cafe-pour-la-route/#comments Thu, 01 Nov 2012 19:30:39 +0000 nicolascanderatz http://bastidebrazzablog.fr/?p=2262 Le Kilika, bar basque au cœur de Brazza, restaurant de bord de route, trône seul au milieu de nulle part. Spectateur de la mutation du quartier depuis un demi siècle, il en est le témoin. Carrefour hospitalier pour tous ceux qui fréquentent ou sillonnent par hasard le quai de la rive droite, il en est la vitrine. Le reflet de la mixité sociale d’un secteur où on travaille plus qu’on ne vit. Au fond, il n’y a pas de quartier Brazza ; il y a le Kilika.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Nicolas Canderatz, Charlotte Jousserand et Elsa Landard.

Et les 14 heures passées au Kilika, soit 50 400 secondes, c’est raconté ici !

 

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14 heures au Kilika : chronique d’une journée ordinaire http://bastidebrazzablog.fr/14-heures-au-kilika-chronique-dune-journee-ordinaire/?utm_source=rss&utm_medium=rss&utm_campaign=14-heures-au-kilika-chronique-dune-journee-ordinaire http://bastidebrazzablog.fr/14-heures-au-kilika-chronique-dune-journee-ordinaire/#comments Thu, 01 Nov 2012 18:27:35 +0000 nicolascanderatz http://bastidebrazzablog.fr/?p=1586 Pour tâter le pouls du quartier, autant fréquenter l’un de ses seuls rades. Un jour dans un bistrot vaut parfois toutes les enquêtes. Alors, nous en avons franchi le seuil, nous nous sommes tapis dans l’ombre et avons attendu de voir ce qu’il s’y passait.

Côté pile.

Côté face.

6h37  Il fait nuit sur le quai de Brazza, désert. Au loin, à travers le brouillard, on aperçoit les lumières arrogantes du pont BaBa. Dans la rue, pas un chat, juste quelques voitures et camions de passage.
Philippe ouvre son bar. Sur les ondes, Alicia Keys perturbe le calme matinal.

7h08  La Bastide qui se lève tôt tourne au café. Les gens, encore embrumés, sont silencieux. Quelques mains agitent les feuilles du journal. La plupart des clients viennent acheter des cigarettes, avant le boulot. Les camionnettes s’arrêtent au bord de la route, warning allumés, le temps de la commission.

7h36  C’est officiel, inscrit sur l’ardoise : le plat du jour se composera de tranches de gigot, pommes vapeur, haricots basquaise. Ici, on est au trinquet Kilika, basque de son état. Fred, en cuisine, commence déjà à couper des oignons.

C'est l'heure de l'ardoise : les rites quotidiens sont scrupuleusement observés.

8h03 Il n’y a pas foule. Un vieux monsieur prend « la même chose que d’habitude ».  La Rocade est bouchée côté rive droite. La température maximale de la journée sera de 19 degrés. Gold FM nous conseille de prendre un parapluie. Et enchaîne avec l’horoscope du jour : « Lion, vous avez un appétit d’ogre, alors croquez le plaisir ».

8h31 Le vieux monsieur squatte le « Sud Ouest » depuis une heure. Y’en a toujours un. Fais tourner, par pitié. Sous ses lunettes, un article relate l’installation des gens du voyage, la veille, sur un terrain vague voisin qu’ils ont obtenu pour trois semaines, après plusieurs heures de négociation. A quelques dizaines de mètres d’ici, ils terminent d’ailleurs leur première nuit au campement. Les effluves de gigot, anachroniques, emplissent le bar et tranchent avec l’odeur du café.

Le cendrier comme preuve irréfutable : il y a bien des humains qui passent par le quai de Brazza.

9h05 : Le jour s’est bien levé, et le percolateur percole. Jean-Pierre, laborantin dans la médecine légale, est formel : « Ce restau est exceptionnel. Mais ne le dites pas, y aurait trop de monde, on ferait la queue ». Un expert à Brazza.

9h18 : Les miches de pain arrivent. On a toujours pas vu de femme, en revanche. Dans ce no woman’s land, un chauffeur poids-lourd demande sa route. « Faut dépasser le pont de Pierre, prendre la rocade direction Paris et t’as une sortie Ambès, répond Philippe, d’une patience infinie. Des années qu’il indique leur route aux passants perdus.

9h34 Toujours la procession des travailleurs. En costume cravate ou en chasuble. Dans le coin, la LT20, le CNB, le dépôt du tram, les peintures David, et bien d’autres ; toutes les entreprises du secteur investissent le Kilika. « Vous habitez dans le coin ? » Non. A Brazza, on ne vit pas. On y travaille.

9h45 Si tout ce petit monde se rejoint au Kilika, c’est parce qu’il n’y a pas d’autre bar à 2 km à la ronde. D’où une certaine mixité sociale. Mais c’est également pour jouer à la pelote : l’établissement possède un trinquet, contre le restaurant. Une particularité qui confine au monopole : c’est l’un des seuls de l’agglomération.
D’après Philippe, contrairement au Pays basque, ce sport est ici plutôt pratiqué par des gens aisés ; question de budget peut-être. En tout cas, les journalistes ne sont pas en reste : un gars de TF1 s’apprête à taper le cuir. Et à midi, un gradé de Sud Ouest est attendu.

Le trinquet Kilika, comme son nom l'indique.

10h07 « Alors, elles sont où les deux tarlouzes ? » Le technicien de la première chaîne s’impatiente, en attendant ses adversaires. Ils n’arriveront que 20 minutes plus tard. Philippe, lui, anticipe le rush de midi : il déjeune. Mimi, sa mère, prend le relais au comptoir, vêtue d’un tablier bleu. Taiseuse mais efficace, la Mimi.

10h25 : Toujours pas de basque en vue, ce n’est pas un bar communautaire. Au fait, un des gens du voyage fait son entrée dans le bar. Il scrute le journal. Et repart déçu : l’épisode de la veille n’occupe qu’une seule page.

10h47 : La postière débarque. D’ailleurs, les PTT ont choisi le mur du Kilika pour installer la boite aux lettres du quartier. Normal. Un cycliste rapplique aussi, chose rare. Il cherche le cirque Eclair. Et puis, livraison de vin et de desserts.

11h45 Il ne se passe strictement rien depuis une heure. Le patron lit. Soudain, paf, rebondissement : Françoise, la serveuse, arrive. De l’autre côté de la route, sur le parking du Point P, Chris a ouvert son camion de sandwichs. L’autre façon de se restaurer dans le coin.

11h56: Mimi va fermer la grande salle réservée aux banquets, 120 couverts. Elle en profite pour raconter l’histoire du bar : elle et son époux ont migré du Pays basque à Bordeaux en 1963. Ils y ont construit l’établissement. Un demi siècle, c’est pas rien. Philippe, leur fils, a partagé sa vie entre les deux territoires.

12h07 La  première cliente, hors tabac, fait son apparition. C’est pour un sandwich, pas un Ricard. Les premiers affamés envahissent la salle de restaurant. « Le faux filet est délicieux », paraît-il. Françoise s’arme du carnet de commandes. Deux ouvriers ont pris place. Une table de cadres s’est constituée. Une autre encore, formée par les associatifs de la caserne Niel et du projet Darwin : ça discute sec entre deux frites. Brainstorming.

Le facteur est passé, les cloches de midi ont sonné, le rush a démarré.

12h52 Entre les bruits de couverts qui s’entrechoquent, on parvient à entendre une conversation en hollandais. Pour un vingtaine de mangeurs, deux mangeuses. Bla bla bla, cling cling, slurp slurp, d’accord, mais pas tant que ça : la journée est calme. Du coup, les bribes de conversations sont faciles à distinguer. Sur la table d’à-côté : « Il est taré, ce mec, il m’a expliqué que les montagnes, c’est un truc qui a frôlé la terre« . Et puis, le drame. Françoise l’annonce, désinvolte, rompue à ce genre d’évènements : il n’y a plus de salade de fruits.

13h32 Il pleut, ce qui égaye encore davantage le quartier. Un coup d’œil à la fenêtre. C’est jouasse. Au loin que voit-on ? Le ciel qui grisoie et le soleil qui disparoit. « Quel temps pourri de merde », note judicieusement un jeune homme. Déprimant.

14h00 Malgré le temps, c’est l’heure de la clope. On sort. Au menu des discussions, encore et toujours le boulot. Les engueulades, les commandes, et le chef, et tel connard incompétent, et les objectifs et les mutations. Tiens, un changement de sujets sur notre gauche ? « Vous connaissez cette application ? Elle permet de commander son ordi depuis le téléphone portable ». Finalement, pas vraiment. Un couple du troisième âge, saisissant de sérénité, contraste avec ce tourbillon de vie active. Une rumeur circule à l’heure du digestif : les gens du voyage seraient déjà sommés de quitter le terrain vague. La CUB leur réserverait un autre terrain à Bacalan, jugé praticable après état des lieux. La nouvelle n’a pas l’air d’attrister grand monde.

Qui n'a jamais vu le quai de Brazza un jour d'octobre ignore ce qu'est la désolation.

14h15 Les explorateurs de Bastide que nous sommes découvrent que décidément, tous les protagonistes de nos sujets sont là, en train de tailler la bavette. Le Kilika est un carrefour où convergent tous les acteurs du secteur. La seconde partie de pelote est finie. Jean-Pierre Dorian, rédacteur en chef adjoint de Sud Ouest, en sort pressé. A Philippe : « Tu mets ça sur ma note ? » « Pas de problème ! »

14h51 L’effervescence est passée. La salle, ruine fumante, doit être nettoyée. Françoise boit un verre d’eau avant d’entamer le grand ménage. Elle a du temps, désormais. Souriante, elle raconte qu’elle aussi est une déracinée. Elle a quitté l’est de la France pour venir s’installer ici. Elle se rapproche ainsi de ses racines espagnoles.

15h25 Séquence émotion avec Calogero. Dommage, le bar est vide. Le défilé discontinu des fumeurs et des visiteurs égarés peut reprendre. Plus fort qu’un GPS, le patron indique un commerce à une jeune femme du campement d’à côté. Pas facile de se repérer ici. Heureusement, deux larrons viennent rompre la monotonie : ils picolent. Il est d’ailleurs étonnant de voir à quel point il y a peu de pochetrons dans ce rade. Show must go on, s’égosille Freddy Mercury sur RTL2. La pluie, vicieuse, redouble d’intensité.

15h57 La rumeur du départ des gens du voyage est infirmée par deux des principaux intéressés, de passage pour acheter quelques sucettes au goudron. Yves, au comptoir, se remémore sa jeunesse. Son père était comptable à la scierie de Queyries dans les années 60. Au même moment, une partie cruciale de Yam’s est en train de se jouer. Samuel décroche un full de 6 par les 4. Amaury réplique vainement. « Chié ! » lâche-t-il, en plein désarroi.

Philippe, dans son domaine. Côté pile.

16h36 Philippe a enfilé gants et tablier. Virtuose du balai espagnol, il vaque au grand ménage. Très vite, les tables sont dressées pour demain midi. « Ici, on ne mange qu’une fois dans la journée », explique Mimi, au bar. Elle discute ferme avec Nathalie, qui habite le quartier depuis six ans et connaît l’endroit depuis un quart de siècle. Ça fait du bien d’entendre des voix féminines. Nathalie confirme, le troquet manque d’hommes.

16h40 (heure homologuée) Un badaud commande un lait fraise. Il reçoit une pression grenadine, ce sont des choses qui arrivent. Qu’à cela ne tienne, il bat le record du monde de descente de Monaco, en 7 secondes. Et quitte le bar aussi sec.

16h58 Michel est un drôle de personnage, passionnant et loquace. Ingénieur à la retraite, il fait le tour du monde en vélo couché, depuis 5 ans. Tous les 6 mois, il s’impose un retour au bercail pour rendre visite à sa descendance bastidienne. Dans un coin de sa tête, son futur périple aux States et en Amérique latine. Dès lors, il ne lui restera plus que l’Afrique à arpenter. Un retraite bien remplie.

Côté face.

17h16 Quatre nouvelles têtes font leur entrée dans le bar. Bruyamment. Jean-Michel : « Ça va Philippe ? Tu t’es mis en pyjama, tu sors du lit ou bien ? » « Je vais te l’envoyer ta bière, tu vas voir ! » ; ça commence enfin à déconner autour de mousses. Les accents, blagues potaches et les moustaches font une irruption tardive : on est quand-même dans un bar, non ?

17h26 Des ouvriers débarquent. Ils grattent des jeux de hasard, sait-on jamais. Ce qu’ils aiment ici : la tranquillité du bar. Quelques cacahouètes et une mousse, un parfait complément alimentaire. L’arachide disparaît vite dans la bouche, Philippe n’est pas avare en amuse-gueules.

17h44 « Il est beau mon patron », adresse un employé à son chef de chantier. La lutte des classes vient d’être abolie. A coté, ça parle… boulot. « L’autre là, mes couilles, le Christophe ». « Et cette Nicole, quelle conne ! » Ou plutôt collègues. Pas toujours en bien. 

18h02 La palme du meilleur interviewé de la journée revient à Jean-Michel Tatar, qui en dit long sur le quartier. Avec une idée récurrente : le prolo a été remplacé par le bureaucrate. Retour en grâce de la lutte des classes.

18h30 Le soleil, dans son extrême clémence, a décidé de se lever un peu. Juste avant d’aller se coucher, ça va de soi.

Au revoir, jeudi. A demain, vendredi.

19h11 Comme un chant du cygne, le rush tardif des demis. Sous la luminosité crépusculaire, on se retrouve pour décompresser de la journée. Daniel, ouvrier sur le chantier de la caserne Niel, raconte ses mésaventures photographiques au Tchad. ‪La patronne matrone débauche. Quelques travailleurs du coin, eux, s’en jettent un avant de regagner leurs pénates. ‪Ça sent la fin. Il ne reste plus qu’une clientèle de retraités, visiblement.

20h05 La télé est allumée. Elle ronronne. Ici, on regarde le Grand Journal, et pas TF1. Il est loin, l’âge d’or de la première chaîne. En fait Mimi a menti, on peut avoir des sandwichs le soir au Kilika. Philippe sert des coups pour la route, compréhensif : « C’est le seul bar »‪. Whisky Coca time, donc. C’est aussi, encore et toujours l’heure de la pelote, puisque des joueurs viennent d’arriver.

20h39 Si le trinquet vibre au son du cuir qui frappe le mur, le troquet, lui, ferme. Philippe, toujours aussi calme et méticuleux, a rangé le balai. Le Kilika s’est éteint doucement, cette journée comme une autre s’achève. Elle en appelle d’autres. Pour encore 50 ans, qui sait ?

Texte et photos de Nicolas Canderatz, Charlotte Jousserand, et Elsa Landard.

Le Kilika en son et en images, c’est par ici.

Et puis, aujourd’hui,tout non-évènement justifie son live tweet. Soucieux d’être à la pointe du web journalisme d’information brute, et de paître avec le troupeau, nous avons commenté la journée en temps réel. Rendez vous au #brazzakilika. https://twitter.com/search/realtime?q=%23brazzakilika&src=typd

 

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Être étudiant et vivre à la Bastide http://bastidebrazzablog.fr/etre-etudiant-et-vivre-a-la-bastide/?utm_source=rss&utm_medium=rss&utm_campaign=etre-etudiant-et-vivre-a-la-bastide http://bastidebrazzablog.fr/etre-etudiant-et-vivre-a-la-bastide/#comments Thu, 01 Nov 2012 17:53:41 +0000 laurieannevirassamy http://bastidebrazzablog.fr/?p=2210

La résidence "Coeur de Bastide" a coûté plus de 8 millions d'euros. Crédits : LAV

Depuis six ans et l’ouverture du Pôle Universitaire de Sciences de Gestion (PUSG) de Bordeaux 4, les étudiants font partie intégrante de la vie du quartier. À quelques mètres du PUSG, se trouve la résidence « Cœur de Bastide » du CROUS, ouverte en 2010. Deux cents étudiants sont logés dans ce bâtiment à l’architecture moderne. Pour la plupart d’entre eux, habiter à la Bastide relève plutôt du choix par défaut. Alors vivre rive droite, quand on est étudiant, est-ce vraiment une bonne idée ? Oui… et non.

L’adjectif qui revient pour qualifier le quartier : « calme ». Les étudiants apprécient cette tranquillité. « La Bastide, c’est plutôt pas mal », sourit Lucille, 24 ans, représentante étudiante au Conseil de résidence du CROUS. On est loin de la réputation sulfureuse que traîne le quartier. « Quand je disais que j’habitais rive droite, se rappelle Sabrina, ancienne pensionnaire de la résidence, les gens me disaient : « Quand tu passes la place Stalingrad, fais gaffe. Il y a du trafic de drogue ». Alors qu’au final, je n’ai jamais eu de problème ». Un soi-disant quartier chaud. Gabriel, 22 ans, qui habite au 5e étage de la résidence, se moque : « C’est plutôt calme comme ghetto ». Lucille renchérit : « C’est un quartier un peu intime, comme une petite ville ».

« Moi, quand je dis que j’habite ici, mes amis me disent plutôt « tu as de la chance » », poursuit Gabriel, à la résidence depuis un an. Ce Perpignanais d’origine est en master 2 à l’IAE (Institut d’administration des entreprises) de Bordeaux 4. Pour se rendre en cours, il ne fait que quelques mètres. Le luxe ultime. Mais les cas comme celui de Gabriel ne sont pas nombreux. Pour la plupart des étudiants, il faut traverser le fleuve et se rendre sur le campus universitaire, à Talence ou à Pessac. Comptez quarante minutes, au moins, en tramway pour faire le trajet.

Le quotidien à proximité

Les transports sont même l’un des points positifs. La résidence est bien située : deux stations Vcub à proximité, à deux pas de l’arrêt « Jardin Botanique » du tramway A et des lignes 10 et 45, qui desservent le centre de Bordeaux et la gare saint-Jean. « On n’est pas loin du centre-ville, explique Lucille. En dix minutes en vélo, j’y suis ! »

Pour le quotidien, pas besoin de traverser la Garonne. Lucille, qui habite depuis trois ans à la Bastide, vit vraiment dans son quartier. « Il y a beaucoup de choses accessibles ici : le Carrefour, les coiffeurs, esthéticiennes, pharmacies, médecins, le cinéma… ». Et une laverie disponible directement dans la résidence. « Bref, il y a tout… mis à part les boutiques. » Gabriel est sur la même longueur d’ondes : « Pour tout ce qui est pratique, je reste côté droit. Pour le reste, surtout les loisirs, je vais côté gauche. Les principaux sites historiques de Bordeaux sont de l’autre côté de la Garonne. Pour le touriste qui sommeille en moi, il y a le musée d’Aquitaine, la rue Sainte-Catherine… C’est plus agréable de se promener dans le centre. »

Pour les sorties, éléments importants de la vie étudiante, il faut emprunter le pont. « On essaye d’organiser de petites soirées entre résidents », explique Lucille. On peut vivre rive droite et même y étudier, mais pour s’amuser jusqu’au bout de la nuit, direction rive gauche.

Laurie-Anne Virassamy / BastideBrazzaBlog

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