BastideBrazzaBlog » Route des Roms http://bastidebrazzablog.fr Thu, 10 Jan 2013 14:11:07 +0000 en hourly 1 http://wordpress.org/?v=3.3.1 Pour Franka, Vaniya et Eleonora, l’école n’est pas finie http://bastidebrazzablog.fr/pour-franka-vaniya-et-eleonora-lecole-nest-pas-finie/?utm_source=rss&utm_medium=rss&utm_campaign=pour-franka-vaniya-et-eleonora-lecole-nest-pas-finie http://bastidebrazzablog.fr/pour-franka-vaniya-et-eleonora-lecole-nest-pas-finie/#comments Wed, 31 Oct 2012 09:30:45 +0000 anthonyjolly http://bastidebrazzablog.fr/?p=1519 /* Add Social Bookmars Plugin By Aditya Subawa @ www.adityawebs.com */ ul.aditya-social { list-style:none; margin:15px auto;display:inline-block; } ul.aditya-social li { display:inline; float:left; background-repeat:no-repeat; } ul.aditya-social li a { display:block; width:48px; height:48px; padding-right:10px; position:relative; text-decoration:none; } ul.aditya-social li a strong { font-weight:normal; position:absolute; left:20px; top:-1px; color:#fff; padding:3px; z-index:9999; text-shadow:1px 1px 0 rgba(0, 0, 0, 0.75); background-color:rgba(0, 0, 0, 0.7); -moz-border-radius:3px; -moz-box-shadow: 0 0 5px rgba(0, 0, 0, 0.5); -webkit-border-radius:3px; -webkit-box-shadow: 0 0 5px rgba(0, 0, 0, 0.5); border-radius:3px; box-shadow: 0 0 5px rgba(0, 0, 0, 0.5);} ul.aditya-social li.aditya-facebook { background-image:url("/wp-content/plugins/wp-add-socialbookmarks/images/facebook.png"); } ul.aditya-social li.aditya-twitter { background-image:url("/wp-content/plugins/wp-add-socialbookmarks/images/twitter.png"); } ul.aditya-social li.aditya-stumbleupon { background-image:url("/wp-content/plugins/wp-add-socialbookmarks/images/stumbleupon.png"); } ul.aditya-social li.aditya-digg { background-image:url("/wp-content/plugins/wp-add-socialbookmarks/images/digg.png"); } ul.aditya-social li.aditya-delicious { background-image:url("/wp-content/plugins/wp-add-socialbookmarks/images/delicious.png"); } ul.aditya-social li.aditya-yahoo { background-image:url("/wp-content/plugins/wp-add-socialbookmarks/images/yahoo.png"); } ul.aditya-social li.aditya-reddit { background-image:url("/wp-content/plugins/wp-add-socialbookmarks/images/reddit.png"); } ul.aditya-social li.aditya-technorati { background-image:url("/wp-content/plugins/wp-add-socialbookmarks/images/technorati.png"); } #aditya-cssanime:hover li { opacity:0.2; } #aditya-cssanime li { -webkit-transition-property: opacity; -webkit-transition-duration: 500ms;-moz-transition-property: opacity; -moz-transition-duration: 500ms; } #aditya-cssanime li a strong { opacity:0; -webkit-transition-property: opacity, top; -webkit-transition-duration: 300ms; -moz-transition-property: opacity, top; -moz-transition-duration: 300ms; } #aditya-cssanime li:hover { opacity:1; } #aditya-cssanime li:hover a strong { opacity:1; top:-10px; } /* Add Social Bookmarks Plugins By Aditya Subawa @ www.adityawebs.com */ Arrivées en France il y a un an, trois sœurs roms bulgares ont récemment décidé de prendre des cours d’alphabétisation au centre d’animation de la Benauge. Premiers pas avec la...]]> Arrivées en France il y a un an, trois sœurs roms bulgares ont récemment décidé de prendre des cours d’alphabétisation au centre d’animation de la Benauge. Premiers pas avec la langue de Molière.

Toutes trois diplômées, Franka, Vaniya et Eleonora repartent de zéro au centre social de la Benauge.

Dans la pièce qui sert de salle de classe, tapissée de dessins d’enfants, trois jeunes femmes coquettes, vêtues de blousons de cuir, s’assoient en silence. Eleonora, l’aînée de 27 ans, Franka, 21 ans et Vaniya, 20 ans, sont Bulgares. Les trois soeurs, cheveux attachés, assistent à leur premier cours, comme la moitié des personnes présentes.

En anglais, une langue qu’elle maîtrise mieux que le français, Eleonora raconte : « Nous avions envie de rejoindre notre famille. Et puis l’économie… » Sa grimace en dit long sur la situation d’un pays durement touché par la crise, où le taux de chômage a doublé entre 2008 et 2011. Cinq années passées à étudier l’économie à l’université d’Omurtag, à 250 kilomètres à l’est de Sofia, lui donnent toute légitimité pour se prononcer sur la situation actuelle du pays. Franka, élancée et féminine, et Vaniya, plus en retrait, ont opté pour des études de design. Bien que déjà diplomées, elles repartent de zéro à la Benauge. Elles cherchent aujourd’hui un emploi. Eleonora est la seule à avoir déjà travaillé, en tant qu’assistante technique dans un aéroport. À Bordeaux, la barrière de la langue bloque toute possibilité d’embauche.

« On a dormi ! », lâche Eleonora dans un rire complice, lorsqu’on lui demande pourquoi elle et ses soeurs n’ont pas pris de cours plus tôt. Aujourd’hui, elles sont bien décidées à s’intégrer en France, par l’apprentissage de la langue, comme l’a fait leur cousine, arrivée il y a cinq ans. Trois ans plus tard, ce sont leurs parents qui rejoignaient les bords de la Garonne, avant que les filles ne fassent de même.

Premier cours, mardi 16 octobre. Le tour de table commence dans la salle en U. « Comment t’appelles-tu? », demande une bénévole, en prenant soin de bien articuler. Eleonora plante son regard sombre et interloqué dans celui de la professeure. Aucun son ne sort de sa bouche. Elle ne comprend pas la question, aussi simple soit-elle. Pourtant, les trois soeurs sont à Bordeaux depuis un an.

Le surlendemain, le deuxième cours met en lumière leurs difficultés. Chaque nouvel « élève » doit passer un entretien individuel pour établir un premier diagnostic. Eleonora connaît son alphabet. Elle sait aussi lire les syllabes : vélo, tulipe, lune. Elle bloque sur poisson, qu’elle prononce à l’italienne. Sur deux lignes, elle n’identifie que quelques mots. « Le problème avec un si petit niveau, estime Claude, c’est qu’il leur faudrait de vrais cours de français ». Les quatre heures hebdomadaires dispensées par le centre ne sont pas suffisantes pour un public en voie d’alphabétisation.

« C’est un atelier socio-linguistique, précise Marie-Christine, la professeure de français salariée du centre. Cette année, par exemple, nous avons pris la décision, de mettre quelqu’un à la porte du centre le matin pour leur expliquer la notion de retard. C’est aussi une manière de se sociabiliser. »

Les matinées d’alphabétisation sont des moments de convivialité : les rires émaillent les cours qui s’organisent ponctuellement autour d’ateliers, comme la cuisine ou le théâtre.

L’art de la scène est un moyen de progresser, moins pour perfectionner son français que pour créer des liens et instaurer un climat de confiance entre les adultes. Jean-Claude, comédien, a été convié au centre lors du troisième cours. D’emblée, il demande à la salle de définir le théâtre. Les trois soeurs demeurent circonspectes. Puis Jean-Claude fait répéter quelques vers aux élèves et une saynète naît en une poignée de minutes.

Franka, Vaniya et Eleonora demeurent en retrait mais apprécient le spectacle. Après trois cours, elles prennent petit à petit leurs marques, leurs repères. L’intégration prendra du temps. Eleonora et ses soeurs comptent s’en donner : quand une bénévole demande à l’aînée combien de temps elle souhaite rester en France, elle sourit : « Maybe forever* ».

* (peut-être pour toujours).

Sophie Boutboul & Anthony Jolly / BastideBrazzaBlog

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Chakaraka, la musique pour exister http://bastidebrazzablog.fr/chakaraka-la-musique-pour-exister/?utm_source=rss&utm_medium=rss&utm_campaign=chakaraka-la-musique-pour-exister http://bastidebrazzablog.fr/chakaraka-la-musique-pour-exister/#comments Fri, 26 Oct 2012 18:13:47 +0000 cecileandrzejewski http://bastidebrazzablog.fr/?p=982 Ils faisaient la manche il y a encore un an et sont aujourd’hui programmés pour les Scènes d’été bordelaises. Les sept musiciens de culture Rom du groupe Chakaraka ont bataillé pour se faire un nom et échapper à la mendicité.

Le groupe Chakaraka au début d'une répétition (crédits : BBBlog).

Un jour de 1999, le bateau sur lequel il travaillait a jeté l’ancre à Bayonne, et leTurc Cemal Aram est descendu. Après une vie de clandestin, il a désormais des papiers. Et il est à l’origine de la création de Chakaraka, « faire la fête ensemble », en Rom. « Au début, les gens demandaient simplement si on venait de Bulgarie. Ils nous prenaient pour un groupe en tournée en France. J’expliquais que non, qu’on habitait juste à côté. Ils étaient hallucinés. C’est important. Dans la rue, les gens ne nous regardent même pas. Il faut qu’ils sachent que la musique naît dans la rue. Aujourd’hui, les spectateurs ne nous posent plus de questions après les concerts. »

Cemal, le percussionniste, en pleine répétition avec Gocho, le chanteur.

L’orchestre a aussi été porté par Eric Cron et Sylvain Mazel. Depuis un an et demi, ils réalisent un documentaire sur la communauté Rom de Bordeaux. En septembre 2011, après la destruction du squat de l’avenue Thiers, ils décident de faire bouger les choses : le groupe est créé, avec l’aide de Cemal. L’aventure est lancée. Ils en viennent même à remercier la police.

« Au départ, ce sont vraiment les propos racistes de Nicolas Sarkozy contre les Roms à Grenoble qui m’ont choqué, raconte Sylvain Mazel. Moi-même, j’ai commencé à avoir un regard qui changeait sur cette communauté, et je me suis dit que c’était pas possible d’avoir peur. Je me suis demandé quoi faire et comment aller vers les Roms. J’ai rencontré Misho et Mitko, son fils, puis Cemal quelques mois après. Il avait, comme moi, une idée musicale en tête et on s’est mariés sur le projet. »Eric Cron renchérit : « C’est une culture minoritaire très pauvre et son exclusion se déroule sous nos yeux. Dans trente ans, on sera jugés par les historiens qui diront : «  quelle honte d’avoir persécuté les Roms « . Aujourd’hui, les choses commencent à changer. Par exemple, un premier bar Rom vient de s’ouvrir à Bordeaux. » Et Chakaraka se fait un nom.

Petit instant de repos pendant la répétition.

 

Au chant, Gocho est entouré d’Ivo, le guitariste. À leurs côtés Vasco et Misho, les deux accordéonistes, Cemal et Mitko, percussionnistes spécialistes de la derbuka, et Nayden, le clarinettiste. Le groupe est soutenu par plusieurs acteurs culturels de la ville, notamment Allez les filles et le centre Vivres de l’art, où ils répètent. Le 6 novembre 2011, ils se produisent pour la première fois à Bordeaux.

 

 

Chakaraka, une musique qui vient de la rue by Bastide Brazza Blog

L’ambiance lors des répétitions est la même que pour n’importe quel autre groupe. Entre deux trois verres et quelques cigarettes, les sonorités se mêlent. La voix puissante et les rires de Gocho. Les yeux rieurs de Nayden le clarinettiste. Le sourire et l’énergie de Cemal. Le corps de l’accordéoniste qui devient partenaire de son instrument.

Nayden, le clarinettiste.

Mais tous les musiciens ne peuvent pas être présents à chaque rendez-vous. Parfois, il faut faire la manche ou aller travailler. Et il n’est pas toujours évident de se déplacer jusqu’à Bacalan. « Les orchestres roms jouent sur des moments festifs mais ne répètent jamais, détaille Sylvain Mazel. Ils sont habitués à jouer en étant payés. Donc, pour eux, ce n‘était pas facile de comprendre qu’il fallait répéter pour être meilleur et jouer dans de gros festivals. Les orchestres chez les gitans et les Roms se composent et se décomposent. On leur a dit qu’il était important qu’ils aient le même orchestre permanent pour qu’ils évoluent ensemble. En répétant à l’européenne, ils ont appris à travailler les uns avec les autres et ils ont progressé. »

Peu de temps après, Gocho se mettra à danser.

Travailler ensemble, c’est aussi créer un esprit de groupe, se lier d’amitié, comme le décrit Gocho. « J’ai chanté avec un grand groupe en Bulgarie et, une fois arrivé en France, je me suis retrouvé tout seul. Je croyais que le chant, c’était fini pour moi. Après, Eric et Sylvain m’ont récupéré dans la rue alors que je faisais la manche. Aujourd’hui, si je dois repartir en Bulgarie, je pars avec mon groupe. »

Au-delà de l’amitié qui rassemble les membres du groupe, la musique sert à s’intégrer. Le regard que portent les Bordelais sur le squat de l’avenue Thiers change peu à peu. La reconnaissance, aussi, du talent des musiciens leur permet de voir l’avenir différemment. Pour Eric Cron, « ce sont des musiciens qui, il y a un an, n’étaient absolument pas dans une optique de construction. Aujourd’hui, même s’ils vivent encore au jour le jour, ils sont différents : ils ont progressé en français, les enfants vont à l’école… Le fait d’avoir un projet, ça nous structure, ça nous construit. Et ils ont des amis français, c’est important, ils ne restent pas qu’entre eux. C’est tout ça qui fait qu’ils se construisent dans notre pays, à Bordeaux. Ils prennent aussi conscience que ce sont de bons musiciens, qu’ils ont une carte à jouer. Ils s’en sont rendu compte quand ils ont vu que 200 ou 300 personnes répondaient à leur musique. »

L'accordéoniste et son partenaire: son instrument.

Dans la pratique, les musiciens de Chakaraka n’ont pas de papiers, à l’exception de Cemal. Ils sont soumis au même régime que les ressortissants des pays européens qui ne font pas partie de l’espace Schengen : ils ont un visa touristique de trois mois. Au bout de ces trois mois, en théorie, ils devraient repartir dans leur pays d’origine. Ils sont rémunérés grâce à des cachets d’intermittence, comme tous les artistes étrangers qui viennent jouer en France. « On est content que ça marche et que ça évolue, mais on bataille encore pour avoir les statuts de tout le monde. Il faut toujours lutter », conclut Cemal dans un sourire.

 

Cécile Andrzejewski, Aurore Jarnoux & Aurélie Simon / BastideBrazzaBlog

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Se soigner quand on est Rom http://bastidebrazzablog.fr/se-soigner-quand-on-est-rom/?utm_source=rss&utm_medium=rss&utm_campaign=se-soigner-quand-on-est-rom http://bastidebrazzablog.fr/se-soigner-quand-on-est-rom/#comments Thu, 25 Oct 2012 18:25:30 +0000 cecileandrzejewski http://bastidebrazzablog.fr/?p=733  

Cécile Andrzejewski et Micho Yordano, qui a refusé d'être photographié seul (crédit : Aurélie Simon).

Un tapis au sol, le lit dans un coin, au mur une reproduction de la Joconde et contre le mur d’en face, un bureau avec un ordinateur dernier cri. Ce petit studio rudimentaire, aménagé dans le grand bâtiment à l’entrée du squat de l’avenue Thiers est celui de Micho Yordanov. Alors qu’il était informaticien en Bulgarie, le jeune homme de 29 ans est venu s’installer ici en 2004.

« Je suis arrivé avec toute ma famille. A l’époque, mon petit frère Hanko était très malade. Il devait se faire opérer pour soigner son estomac mais, en Bulgarie, l’opération était trop dangereuse, il aurait pu mourir, raconte Micho Yordanov avec un accent chantant. Le médecin qui s’occupait de mon frère connaissait un docteur à Bordeaux, à l’hôpital Saint André et il lui a dit de venir se faire opérer ici. » Muni d’un passeport et de son ordonnance bulgare, Hanko Yordanov arrive donc à Bordeaux. L’opération est un succès. Le corps médical n’avait qu’un doute : pourrait-il un jour avoir des enfants ? Aujourd’hui Micho est tonton. Hanko, quant à lui, est toujours suivi à l’hôpital Saint André, pour sa rééducation. Depuis, comme toute sa famille et la plupart des habitants du squat, il a obtenu une carte vitale. « Les cartes vitales et les assurances, si on les a, c’est grâce à Monsieur Paul. Il nous aide beaucoup. », sourit Micho Yordanov.

La continuité des soins comme objectif

 

Monsieur Paul, c’est Paul Lanusse-Cazale, le responsable de la mission Roms pour Médecins du Monde. Depuis 2005, l’association intervient avenue Thiers. « Une fois par mois, on passe sur le squat pour voir quels sont les besoins en soins, explique le docteur. L’objectif principal est de voir ceux qui ont un problème de santé grave ou chronique. On n’y va pas pour les soigner sur place, mais pour les adresser à un médecin, à un service, à un hôpital…On est comme un GPS, en fonction de la situation de chacun, de l’ouverture des droits, on les adresse au bon endroit. »

Pourtant, il y a encore trois ans, la mission Roms amenait des médicaments directement dans le squat. « Ça a changé car on a revu nos objectifs. Chez Médecins du Monde, notre but c’est la continuité des soins, détaille le responsable. À l’époque, on amenait les médicaments car la plupart de nos patients ne connaissaient pas les lieux. Donc, comme ils ne savaient pas où aller, ils ne se soignaient pas. Mais si on continue d’aller donner des médicaments, on installe une relation de besoin. Or, ce qu’on voulait c’est qu’ils soient capables de se soigner sans nous, qu’ils ne dépendent pas de nous »

La mission a-t-elle atteint son objectif ? Anusca, collégienne aux yeux noirs, va souvent chez un médecin de Bastide pour soigner son eczéma. Dans le squat, une dame nous confie qu’elle voulait emmener son bébé de deux ans chez le même docteur, car la petite a attrapé une infection au niveau des oreilles. Mais, comme elle a perdu sa carte vitale, elle se rendra à Bacalan, à la permanence de Médecins du Monde.

Une pédiatre, qui s’occupe de beaucoup d’enfants de ce squat regrette, elle, l’absence de continuité et de suivi des soins. Même si, dans le cadre réglementaire, les directeurs d’école demandent le carnet de santé à l’inscription des enfants, ces carnets sont souvent perdus et il faut s’appuyer sur les déclarations des parents. C’est là que la médecine scolaire prend toute son importance. Elle permet de faire des bilans de dépistage dans les écoles. En cas de problème de santé plus grave, les parents sont invités à se rendre au centre de médecine scolaire, rue de Nuits.

La précarité, un frein à l’accès aux soins

 

Le plus difficile est de fidéliser les patients et de les faire revenir. Une question qui n’est pas spécifique aux habitants du squat avenue Thiers, mais qui concerne toutes les personnes précaires. C’est aussi le point de vue de Paul Lanusse-Cazale : « Il existe des problématiques de santé liées aux différences de culture, mais très peu. C’est surtout dû à la précarité. La question des soins dentaires par exemple vient surtout de la précarité. La précarité engendre des inégalités de santé. On a l’impression en France que tout le monde est bien soigné mais il y a des freins intrinsèques : personnels, financiers, familiaux… Il y a des difficultés à se faire soigner mais aussi à avoir conscience qu’on est malade. Sur ce sujet là, les Bulgares de Thiers sont comme tout le monde. »

La conscience d’être malade touche en premier lieu les malades chroniques. C’est là-dessus qu’intervient notamment Médecins du Monde. « A Thiers, je sais qui je dois aller voir : je leur demande comment ça va, où ils en sont au niveau du suivi… On fait le tour des malades chroniques et pour le reste, on oriente. Si je sais que quelqu’un a du diabète, je vois s’il a encore des médicaments. Et s’il lui en faut de nouveaux, je l’encourage à retourner à la pharmacie… », illustre le responsable de la mission Roms. Concrètement, le père de Micho Yordanov est diabétique. « Monsieur Paul vient le voir souvent. Il regarde ses médicaments, s’il les prend bien, s’il va bien. Je sais que si mon père fait une crise, je peux appeler Monsieur Paul, il va venir tout de suite. » Et pour acheter son traitement, le père de Micho Yordanov se rend à la pharmacie du coin, comme tout le monde.

« Pour les gros ennuis de santé, on va dans le squat avec une traductrice, continue le médecin. Le langage, c’est un vrai problème pour la santé. On se débrouille, il y a toujours des gens qui parlent français mais ça pose un problème pour le secret médical. On ne peut pas aller demander aux voisins de traduire, même au sein de la famille, c’est compliqué. Les enfants n’ont pas à raconter les problèmes de santé de leurs parents, personne n’a à savoir si son voisin est malade… » Comme le déplore la pédiatre, la barrière de la langue rend les soins plus « basiques » et le travail des médecins plus compliqué. Alors on communique par gestes ou avec des dessins. Malgré tout, le suivi médical reste ardu. « Quand une pathologie est lourde, l’accès aux soins s’impose, note la pédiatre. C’est plutôt dans la santé quotidienne que c’est laissé de côté, que ça passe à l’as. Comme chez tous les gens qui ont des problèmes plus urgents, plus graves, la santé, ça passe à la trappe. »

Cécile Andrzejewski / BastideBrazzaBlog

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Vivre dans la récup’ http://bastidebrazzablog.fr/portes-ouvertes-chez-gocho/?utm_source=rss&utm_medium=rss&utm_campaign=portes-ouvertes-chez-gocho http://bastidebrazzablog.fr/portes-ouvertes-chez-gocho/#comments Wed, 24 Oct 2012 19:01:57 +0000 jeanbaptistebourgeon http://bastidebrazzablog.fr/?p=572 Gocho est installé depuis 10 ans dans le squat des Roms et des Bulgares de l’avenue Thiers. Pour lui, vivre dans cette cabane de fortune n’est qu’une question de récupération.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Marc Bourreau et Jean-Baptiste Bourgeon / BastideBrazzaBlog

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