BastideBrazzaBlog » Zone de travaux http://bastidebrazzablog.fr Thu, 10 Jan 2013 14:11:07 +0000 en hourly 1 http://wordpress.org/?v=3.3.1 Darwin, une espèce de projet http://bastidebrazzablog.fr/darwin-une-espece-de-projet/?utm_source=rss&utm_medium=rss&utm_campaign=darwin-une-espece-de-projet http://bastidebrazzablog.fr/darwin-une-espece-de-projet/#comments Fri, 23 Nov 2012 10:48:17 +0000 audreychabal http://bastidebrazzablog.fr/?p=2944 /* Add Social Bookmars Plugin By Aditya Subawa @ www.adityawebs.com */ ul.aditya-social { list-style:none; margin:15px auto;display:inline-block; } ul.aditya-social li { display:inline; float:left; background-repeat:no-repeat; } ul.aditya-social li a { display:block; width:48px; height:48px; padding-right:10px; position:relative; text-decoration:none; } ul.aditya-social li a strong { font-weight:normal; position:absolute; left:20px; top:-1px; color:#fff; padding:3px; z-index:9999; text-shadow:1px 1px 0 rgba(0, 0, 0, 0.75); background-color:rgba(0, 0, 0, 0.7); -moz-border-radius:3px; -moz-box-shadow: 0 0 5px rgba(0, 0, 0, 0.5); -webkit-border-radius:3px; -webkit-box-shadow: 0 0 5px rgba(0, 0, 0, 0.5); border-radius:3px; box-shadow: 0 0 5px rgba(0, 0, 0, 0.5);} ul.aditya-social li.aditya-facebook { background-image:url("/wp-content/plugins/wp-add-socialbookmarks/images/facebook.png"); } ul.aditya-social li.aditya-twitter { background-image:url("/wp-content/plugins/wp-add-socialbookmarks/images/twitter.png"); } ul.aditya-social li.aditya-stumbleupon { background-image:url("/wp-content/plugins/wp-add-socialbookmarks/images/stumbleupon.png"); } ul.aditya-social li.aditya-digg { background-image:url("/wp-content/plugins/wp-add-socialbookmarks/images/digg.png"); } ul.aditya-social li.aditya-delicious { background-image:url("/wp-content/plugins/wp-add-socialbookmarks/images/delicious.png"); } ul.aditya-social li.aditya-yahoo { background-image:url("/wp-content/plugins/wp-add-socialbookmarks/images/yahoo.png"); } ul.aditya-social li.aditya-reddit { background-image:url("/wp-content/plugins/wp-add-socialbookmarks/images/reddit.png"); } ul.aditya-social li.aditya-technorati { background-image:url("/wp-content/plugins/wp-add-socialbookmarks/images/technorati.png"); } #aditya-cssanime:hover li { opacity:0.2; } #aditya-cssanime li { -webkit-transition-property: opacity; -webkit-transition-duration: 500ms;-moz-transition-property: opacity; -moz-transition-duration: 500ms; } #aditya-cssanime li a strong { opacity:0; -webkit-transition-property: opacity, top; -webkit-transition-duration: 300ms; -moz-transition-property: opacity, top; -moz-transition-duration: 300ms; } #aditya-cssanime li:hover { opacity:1; } #aditya-cssanime li:hover a strong { opacity:1; top:-10px; } /* Add Social Bookmarks Plugins By Aditya Subawa @ www.adityawebs.com */ Sur les ruines de l’ancienne Caserne Niel, une utopie urbaine est en pleine évolution. Mais quelques grains de sables se sont intégrés dans la belle machine. D’un côté le projet...]]> DARWIN

L'écosystème en chantier / photo A.C

Sur les ruines de l’ancienne Caserne Niel, une utopie urbaine est en pleine évolution. Mais quelques grains de sables se sont intégrés dans la belle machine. D’un côté le projet Darwin piétine mais s’installera, de l’autre, la Fabrique Pola risque de rester à quai. 

« On devrait en être à l’inauguration des locaux», soupire Frédérick Latherrad, grosses moustaches et petites lunettes. « Devrait », un conditionnel qui en dit long sur l’état d’incertitude dans lequel se trouve notre interlocuteur. Entre deux rendez-vous et entre deux rives, Latherrade s’est posé une bonne heure place Stalingrad pour causer de l’avenir de la Fabrique Pola, son bébé.

Pola devait s’installer sur  le site de l’ancienne caserne Niel laissée à l’abandon depuis le début des années 2000. De l’espace et des friches pour réaliser une « utopie urbaine », comme disent ses concepteurs. De l’économique, de l’écologique et du culturel, le tout dans un quartier en plein chambardement. Chouette ! Seulement voilà : faire vivre une belle idée, ce n’est pas toujours simple.

Pour bien comprendre la déception des artistes, reprenons depuis le début.

En 2008, Bordeaux fait savoir qu’elle candidate au titre de capitale européenne de la culture dans cinq ans. Les acteurs se mettent au travail et les projets s’accumulent. Aurélien Gaucherand, un darwinien, raconte :
Aurélien Gaucherand de Darwin : « il y a eu un rapprochement entre Inoxia et le collectif Pola » by Bastide Brazza Blog

Frédérick Latherrad l’avoue, « on a saisi cette opportunité et depuis, on pense la Fabrique Pola sur le site de la caserne.» Une véritable pépinière de créateurs. En fait, dès le début, on avait pu discerner quelques dissonances. Au cœur même du dossier, le projet intitulé « Utopies urbaines / nouveaux territoires de l’art » suscitait déjà des réserves. « Simple utopie ou projet structurant ? L’avenir de notre candidature nous le dira», écrivaient certains concepteurs. On le voit, les incertitudes ne datent pas d’aujourd’hui.

Dans l’attente

Quelques mois plus tard, la candidature de Bordeaux n’est pas retenue. Marseille est choisie. Exit l’ambition culturelle de Bordeaux à horizon 2013. La ville voit des subventions précieuses lui passer sous le nez. Richard Coconnier, porteur de la candidature Bordeaux 2013 et aujourd’hui chargé de mission urbanité-culture à la CUB, affirme : « Darwin est un projet économique, la Fabrique Pola, ça n’a rien à voir ».

Ah bon ! Mais pour les acteurs pressentis sur le site de l’ancienne caserne Niel, il y a bien un rapport, et si Jean-Marc Gancille, cofondateur de l’écosystème Darwin parle de « projet commun au moment de la candidature », à l’heure actuelle, l’écosystème Darwin est sur les rails et Pola reste sur le bas-côté.

Alors pourquoi une telle distorsion ? Frédérick Latherrad fait un petit mea culpa :
 Frédérick Latherrad de la Fabrique Pola : « les collectivités ne s’engageront pas si c’est du provisoire » by Bastide Brazza Blog

« On n’a pas réussi à mettre d’accord les collectivités. Entre temps, on s’est installé aux Bassins à flot, dans des locaux provisoires. On a perdu du temps en réalisant des études sur notre implantation à Niel, un temps qu’on ne peut pas rattraper. Et aujourd’hui, on doit déménager, puisque la mairie a un projet de ZAC aux Bassins à flot. » Alors, si toute l’équipe n’atterrit pas à Niel, où va-t-elle jeter l’ancre ?…

Il faut dire que l’installation de Pola à la caserne couterait 4,5 millions d’euros. « Et nous, on ne les a pas », concède le fondateur de Pola. La différence entre Pola et Darwin se situe donc là. D’un côté des artistes qui se regroupent pour mutualiser leurs forces mais dont le financement se trouve essentiellement auprès de collectivités de plus en plus sourdes. De l’autre, des communicants, des entrepreneurs, qui se targuent de n’être subventionnés qu’à hauteur de 6% par les pouvoirs publics.

Alors, pendant que certains font visiter leurs futurs locaux, d’autres bataillent simplement pour sauver leur peau. La Fabrique, un microcosme aujourd’hui dans l’attente du verdict politique. Une situation « hyper inconfortable, hyper problématique », décrite par un membre de Pola qui n’a pas souhaité voir son nom apparaître : « Il faudrait que la mairie et la CUB s’entendent. La question est urgente et complexe, et avec la perspective des élections municipales de 2014, le contexte politique est de plus en plus tendu, ça n’arrange rien. »

Un désarroi quelque peu tempéré par Frédérick Latherrad pour lequel « le climat est serein, on doit de toute façon prendre une décision ».

Pour l’instant la solution proposée est de transférer la Fabrique Pola au tri postal à Bègles. Une solution là encore provisoire comme l’indique Richard Coconnier de la CUB : « Les collectivités territoriales sont en train de négocier l’implantation de Pola à la Bastide dans deux ans environ. Le coût de cet investissement est très lourd. En attendant, l’installation au tri postal à Bègles est une solution étudiée sérieusement. Pour trois ans, maximum. » Attendons-donc que ça se débloque et parlons de ce qui roule : Darwin.

Ecosystème, éco responsable, éco-quoi ?

Bon, alors concrètement, c’est quoi l’écosystème Darwin ? Car pour l’instant, pour les bastidiens et pour les bordelais, ce qui se trame dans la friche Niel, c’est encore abstrait. D’ailleurs on ne voit pas trop ce que font tous ces darwiniens.

Rive droite, à l’entrée de l’ancienne caserne militaire. Un panneau géant attire l’attention : « Darwin, l’écosystème de la caserne Niel ». Derrière les grilles, des bâtiments en enfilade. Sur la gauche, les magasins généraux, en pleine réfection, qui doivent accueillir d’ici peu les locaux de Darwin, une pépinière d’entreprises, un espace de « coworking », flanqué d’une conciergerie, de salles de réunion, d’une boulangerie, d’une supérette bio et d’une boutique « d’éco mobilité ».

En face, une charpente de ferraille ouverte sur le ciel est soutenue par des murs délabrés, couverts de graffs. Derrière les magasins généraux en travaux, on découvre d’autres vestiges, pas en meilleur état.
Le projet Darwin devrait faire cohabiter ici entreprises, associations et vie de quartier avec un credo : la transition écologique de l’économie.

A la base de cette « utopie urbaine », il y a Philippe Barre. En 2000, cet Aquitain de bonne famille crée une agence de pub, Inoxia, au fonctionnement original : bilan carbone réduit, différences de salaires entre les employés ne devant pas dépasser les 1600 euros, formation permanente des personnels, etc. Six ans plus tard, Barre souhaite concrétiser ses convictions.

« On avait besoin d’un lieu pour donner corps à cette idée de transition écologique avec une économie qui ait plus de sens, se souvient Jean-Marc Gancille, numéro 2 du groupe. On a donc acheté à la CUB une parcelle de terrain, un hectare avec quatre bâtiments posés dessus. »

Esprit Darwin es-tu là ?

Hangar Darwin

Skate park indoor / photo A.C

Cette acquisition étant faite, il fallait alors coller à cet esprit Darwin qui sous-tend l’ensemble du projet. Aurélien Gaucherand, consultant chez Inoxia, souligne que « chaque acteur qui entre dans l’écosystème Darwin doit s’engager sur une charte commune. Toutes les décisions sont prises de manière collective. » L’exemple le plus concret de ce modèle se trouve très certainement dans le grand hangar central, avec son skate-park indoor voulu par Philippe Barre. « Une zone autonome temporaire », comme le qualifie Aurélien Gaucherand.

En un an, ce hangar, à l’intérêt architectural plutôt nul, est devenu l’endroit à la mode pour les passionnés de glisse. Le tout étant supervisé par une fédération d’associations qui a investi les lieux et développé ce concept de hangar autogéré dédié aux cultures urbaines. Au menu : récupération, recyclage, entraide.
Problème. Le Hangar Darwin, espace rassembleur et fonctionnant à la débrouille, est amené à disparaître. «Nous avons une autorisation d’occupation temporaire délivrée par la CUB jusqu’en 2013 », précise Jean-Marc Gancille. Le hangar devrait ensuite devenir un lieu mixte avec parking et skate-park payant.

Alors pourquoi transformer ce lieu qui semble aujourd’hui fonctionner ? Réponse : le triptyque infernal sécurité, droit et argent est venu mettre son nez dans le dossier. Tel qu’il est, l’endroit n’est pas aux normes. Et le coût des travaux pour installer des portes anti-panique et un système de désenfumage est estimé à 200 000 euros. Des fonds ont été demandés à la mairie. Mais celle-ci réalisera-t-elle un tel investissement pour un lieu qui pourrait, sous une autre forme, rapporter de l’argent au lieu d’en coûter ? Car l’idée du parking ne sort pas de nulle part. L’écosystème Darwin sera voisin de l’éco quartier Bastide. De futures habitations et donc de futurs véhicules à garer. Une manne dont les responsables politiques pourraient avoir du mal à se passer.

Un éco quartier ? et donc Darwin, c’est aussi écolo ?

« Les espèces qui survivent ne sont pas les plus fortes ni les plus intelligentes, mais celles qui s’adaptent le mieux au changement.» Charles Darwin.
Les concepteurs l’affichent clairement sur leur site : « L’espèce humaine vit une crise sans précédent. Au cyclone de la crise économique et sociale s’ajoute le spectre bien réel d’une crise écologique qui menace notre survie même. » Une théorie scientifique et un postulat philosophique dont les darwiniens se réclament. Leur objectif ? La transition écologique de l’économie.

Un chantier vert c'est ça photo A.C

Un chantier vert c'est ça / photo A.C

Dans le discours on se retrouve avec une ribambelle de termes verts. Mais au-delà du discours, Darwin, dans les faits, c’est vraiment écolo ? Alors oui, les travaux dans les magasins généraux sont verts, le bâtiment sera vert, et la pelouse aussi. Un édifice sans climatisation et un système d’extinction automatique des lumières. Tri des déchets, énergies renouvelables. « Une démarche négawatt », selon Jean-Marc Gancille. D’ailleurs, Darwin n’est plus dans le giron d’EDF. Ses concepteurs ont préféré opter pour Enercoop, seul fournisseur d’électricité à s’approvisionner directement et à 100% auprès de producteurs d’énergies renouvelables.

Au final, l’idée est de rendre le bâtiment éligible au label Effinergie rénovation basse consommation. Une «prouesse » possible grâce à la texture même du bâtiment. Les murs sont épais, ça retient la chaleur. Bon.

« Le vert c’est tendance, c’est dans l’air du temps »

Autre exemple de cette tendance verte, le groupe Vertige qui va installer sur le site une station expérimentale afin de développer ses toitures végétalisées. Stéphane Demguilhem, le dirigeant et fondateur de Vertige, espère d’ailleurs recouvrir le toit de la future crèche de son tapis de cacao et café où pousse la verdure. Petit bémol à cet enthousiasme verdoyant du côté de Jean-Marc Gancille : « Pour le toit de la crèche, rien n’est fixé ». Trop vert le toit cher ? Et inversement.

Ce même Jean-Marc Gancille ne le cache pas : « le vert c’est tendance, c’est dans l’air du temps ». Voilà qui est dit. Du coup, on se pose la question. Chez les créateurs de Darwin, s’agit-il d’une réelle prise de conscience, d’un vrai souci de l’environnement, ou tout simplement d’une vague verte sur laquelle on surfe ? Les deux, probablement.

Premier paradoxe, Philippe Barre qui a investi 13 millions d’euros dans l’aventure. Comme le précise Jean-Marc Gancille, « il aurait pu ne pas prendre de risque et ne pas se lancer dans ce projet où il peut tout perdre».
Tout de même, il est surprenant de voir que les acteurs de ce projet viennent pour beaucoup de grands groupes, bien éloignés des préoccupations écolo et autres utopies collaboratives. Jean-Marc Gancille a travaillé durant des années comme directeur de la communication et du développement durable chez Orange, et comme directeur marketing chez France Telecom. Et Sylvain Lepainteur, concierge en chef et crécheur, a travaillé pour la Française des jeux. Mais comme il l’explique, sa rencontre avec Philippe Barre est arrivée à point.
Greenwashing ou pas, le projet avance. Fonds privés et acteurs motivés et convaincus.
Mais entre le discours affiché et l’investissement à trouver, y aurait-il incompatibilité ? Le projet Darwin de la caserne Niel a fait rêver bien des bordelais. Sa réalisation finale pourrait engendrer plus d’amertume que d’enthousiasme.

Bon, et si vous n’avez toujours rien compris, Jean-Marc Gancille résume tout en moins de trois minutes :
 Jean-Marc Gancille de Darwin : L’origine de l’espèce by Bastide Brazza Blog

Audrey CHABAL / BastideBrazzaBlog

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Vestiges de « l’institut du point de vue » http://bastidebrazzablog.fr/que-reste-t-il-de-linstitut-du-point-de-vue/?utm_source=rss&utm_medium=rss&utm_campaign=que-reste-t-il-de-linstitut-du-point-de-vue http://bastidebrazzablog.fr/que-reste-t-il-de-linstitut-du-point-de-vue/#comments Fri, 02 Nov 2012 14:35:26 +0000 elodiecabrera http://bastidebrazzablog.fr/?p=2070
Le toit de la cité Pinçon, à la Benauge, héberge encore les structures en bois de “l’Institut du Point de Vue” – un lieu de bien-être et de repos – où se prélassaient, en juillet, des dizaines d’habitants du quartier et de nombreux Bordelais des deux rives.

D'étranges structures peuplent toujours le 10 ème étage (Photo E.C)

Au 10 ème étage de la résidence, des grands lits entourés de rideaux, un petit hammam, un restaurant et des salons miniatures de massage et de coiffure, ont été imaginés et créés par l’association Bruit du Frigo, en lien avec la population du quartier. De géantes jumelles jaune canari surplombent les garde-corps du toit.

Vue depuis le rez-de-chaussée. Les jumelles trônent sur le toit de la cité Pinçon (Photo E.C)

Cet institut a ouvert au public tous les après-midis pendant 15 jours, du 25 juin au 9 juillet. Les traces de la convivialité passée résistent encore. Incrustés à la craie, les nombreux tableaux affichent toujours les menus des repas ou les noms des personnes en charge du coin esthétique. La vue à 360 degrés sur la ville est imprenable. “Je me suis pris une claque la première fois que je suis montée”, affirme Gwennaelle Larvol, plasticienne et ingénieur culturelle pour Bruit du frigo, une association lancée en 1997 avec la volonté d’impliquer les citoyens dans la construction de la ville qu’ils habitent. Le collectif a mis en place ce “lieu possible”, une de leurs nombreuses actions menées dans les zones de renouvellement urbain.

Une vue à 360° depuis cet observatoire privilégié de la cité bordelaise (Photo E.C)

“C’est un concept original qui a permis de se réunir ailleurs que dans la rue, de partager des moments de convivialité avec les mamies, les mamans et les plus jeunes, et de se faire belle”, raconte Sarah*, une jeune étudiante de 20 ans. Mélanie, habitante du 2e étage de la cité Pinçon, était une fidèle de l’Institut du Point de Vue, et une barmaid occasionnelle à la buvette. “L’initiative aurait pu être plus adaptée au quartier”, regrette-t-elle.   Le point de vue de Mélanie, habitante de la cité Pinçon by Bastide Brazza Blog

Mélanie, fidèle de l'institut et barmaid occasionnelle (Photo E.C)

Point zéro

C’est au milieu des arbres qu’est né le projet de “l’Institut du Point de Vue”. “Tout a commencé en 2011, dans le parc de la cité Pinçon, au Brasero, un restaurant temporaire, un abri, un endroit pour la pratique du sport, mais aussi un outil de détournement pour attirer les habitants, les faire s’exprimer sur leur quartier”, explique Gwennaelle Larvol.

Bruit du Frigo profitait de la pause casse-croûte pour distribuer des sets de tables avec un questionnaire sur le secteur : une autre manière de faire avancer “l’atelier d’urbanisme utopique” que les réunions prévues à cet effet.

« Nous avons mené une réflexion sur l’amélioration du quartier avec ses acteurs et ses habitants. Il n’y avait pas de limites dans les propositions : de celles ancrées dans une nécessité quotidienne à des idées plus fantasmée, décrit Gwenaelle Larvol. Rêver un quartier autrement crée du collectif, on s’éloigne alors des besoins individuels”

Gwenaëlle, plasticienne au sein du Bruit du frigo en charge du projet (Photo E.C)

Parmi les six projets évoqués, celui de la réouverture des toits-terrasses a été choisi pour passer des plans à la réalisation. Le dernier étage de la cité Pinçon, fermé depuis 10 ans, servait dans les années 1950 de séchoir à linge.

“Au brasero, lors des réunions, nous avons discuté des prix trop élevés du hammam de la Benauge et de notre envie d’en avoir un moins cher. Mais le résultat sur le toit n’était pas un véritable hammam. Les petites cabines aménagées ressemblaient plus à des douches”, s’amuse Mina, une des “mamans du quartier”, qui a mis la main à la pâte plus d’une fois pour les repas servis au Brasero.

Cet été, Mina est allée se faire coiffer à l’institut. Avec de grands gestes, elle raconte : “C’était très drôle quand il y avait du vent et que nos cheveux s’envolaient dans tous les sens”.  “Les soins étaient payants sur contribution libre”, signale Gwenaelle. Mina et sa soeur ont chacune donné 5 euros pour leur rendez-vous chez le coiffeur.

Mina, maman du quartier by Bastide Brazza Blog

Des coiffeurs nomades peuplaient le toit-terrasse de la cité Pinçon (Photo E.C)

“Par respect mutuel, les mamies ne se seraient pas mélangées aux petits jeunes dans le hammam”, raconte Sarah*, la coquette brune de 20 ans. “C’était quand même gavé bien de pouvoir s’allonger sur les lits à lire ou même jouer aux échecs de cette hauteur”, continue t-elle.  Sur la balustrade qui fait le tour du toit, telle une table d’orientation, des dessins des point phares de la ville – comme l’église Saint-Michel ou le pont BaBa – ont été réalisés par l’association ou par ceux qui ont cotoyé le toit. On y trouve même des mots d’amour.

« Ça a été un truc de fou : l’un des plus beaux projets mais aussi l’un des plus épuisants”, glisse Gwenaelle Larvol. La plasticienne et son équipe se sont immergées dans le quotidien du quartier. Des habitants éphémères de l’appartement numéro 15 rue du Docteur Yersin. Une expérience enrichissante pour la Benauge qui bousculait la routine. Quelques points noirs à l’horizon comme des esthéticiennes pas toujours présentes et un lien rompu depuis le départ de l’association.


Et si c’était à refaire?

Mina suppose que l’été prochain, elle pourra se faire coiffer à nouveau au 10ème etage. A tort, puisque Bruit du frigo ne fonctionne que sur des actions temporaires. Avec ou sans institut, les habitants ont apprécié la reconquête des hauteurs d’immeubles.

« Il y a une demande pour que les toits-terrasses soient rouverts » by Bastide Brazza Blog

Pour des questions de sécurité, la réouverture des toits parait bien compliquée pour le propriétaire, Aquitanis. “Pour qu’il y ait une réouverture, il faudrait que les habitants envoient une demande à Aquitanis pour établir un cahier des charges, des règles à respecter”, signale Gwenaelle.
“Nous sommes passés en commission de sécurité, pour que le 10ème étage de la cité Pinçon puisse être réouvert pour les 15 jours. Ça n’a pas été simple : il a fallu tout mettre aux normes, l’eau comme l’électricité. Et deux vigiles étaient présents en permanence ”, souligne Pierre Bambou, responsable de la communication chez Aquitanis.  “Mais cela a permis de mélanger les populations, de faire venir du monde à la Cité”, affirme t-il très satisfait du résultat. Les structures devraient être enlevées fin novembre, mais chez Aquitanis on pense à conserver la table qui servait à se restaurer. Dans quel but? Pour l’instant, tout le monde l’ignore.
Elodie Cabrera & Sophie Boutboul / Bastide Brazza Blog
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La Bastide : nouvel eldorado bordelais ? http://bastidebrazzablog.fr/la-bastide-nouvel-eldorado-bordelais/?utm_source=rss&utm_medium=rss&utm_campaign=la-bastide-nouvel-eldorado-bordelais http://bastidebrazzablog.fr/la-bastide-nouvel-eldorado-bordelais/#comments Fri, 02 Nov 2012 10:50:36 +0000 paulinegleize http://bastidebrazzablog.fr/?p=2358

Des résidences neuves fleurissent chaque année dans le quartier (crédit A.HDSA)

Pavillon avec étage. Deux cours. Trois garages. Proche Jardin Botanique et commodités. Loyer : 179 euros par mois. Fou? C’est pourtant ce que paie Raymond*, un Bastidien de 81 ans installé là depuis le début des années 50. Préservé par une loi de 1948, son loyer n’a subi aucune hausse depuis son installation, si ce n’est l’inflation. Raymond, le dernier des Mohicans à vivre dans une maisonnette ouvrière, coincée entre l’université, un immeuble et un parking sauvage bricole des panneaux d’interdiction de stationner qu’il plante autour de chez lui. Les immeubles ont poussé autour de son pavillon, lui imposant de nouveaux voisins venus avec leurs cohortes de véhicules. « Ils auraient au moins dû prévoir des parkings« , grommelle-t-il. Raymond se sent cerné.

Aujourd’hui pour louer dans le quartier, il faut compter environ « 600 euros charges comprises pour un T2 au sein d’une résidence récente« , indique Chantal Musset, de l’agence « Maisons, Apparts et Compagnie ». Dans l’ancien, le loyer est légèrement moins élevé. « La principale différence réside dans le montant des charges. De 25 euros pour l’ancien à une cinquantaine d’euros pour le neuf. »

Des programmes d’habitations modernes,  tels que celui de « L’autre quai » se développent sur le quai de Queyries. Ce type de logement  avec vue sur le fleuve vaut cher. Dans cette résidence qui va du T2 au T5, un appartement se loue environ 13 ou 14 euros par mètre carré.

“Une demande trop forte”

A la vente, compter de 2600 à 2900 euros par mètre carré pour de l’ancien et environ 3000 à 3500 euros par mètre carré pour du neuf. Moins cher que l’hypercentre historique, mais la différence s’atténue. Les échoppes et les petites habitations ouvrières sont également très prisées. 2000 à 3200 euros le mètre carré. Ce type de biens est de plus en plus rare, et la demande ne faiblit pas. Au contraire. « L’augmentation de la demande est forte, trop forte, remarque Mathieu Laugeois, négociateur à l’agence Pichet. Les biens sont parfois surcotés mais partent quand même. »

La vente de particulier à particulier sur internet constitue pour les agences immobilières un symptôme de la popularité du quartier, et une manne qui leur échappe. Les vendeurs fixent eux-mêmes le prix de leur bien pour « se faire une belle marge. Ce dernier peut être estimé à 20 000 euros au-dessus de sa valeur marchande« , s’exclame Chantal Musset.

Il y a peu de temps, vivre sur l’autre berge de la Garonne, pour certains Bordelais du centre, c’était déjà s’exiler. Certains rechignent toujours à s’installer au-delà de l’église Sainte-Marie, frontière virtuelle entre le côté noble et les quartiers plus populaires de rive droite. « Quand nous précisons que le bien se situe à la Bastide, certains acheteurs potentiels se montrent moins intéressés« , confirme Marie-France Pacreau, directrice d’agence à la Bourse de l’Immobilier. « Mais cette tendance tend à disparaître. » Les irréductibles de la rive gauche sont de moins en moins nombreux à regarder le quai opposé avec dédain ou appréhension. L’ancien quartier ouvrier bordelais s’est transformé et attire une population jeune et familiale.

« De février à septembre 2012, 491 nouveaux foyers se sont installés à Bastide« , affirme Muriel Parcelier, maire adjointe du quartier. Parmi eux, des familles venues d’autres régions, et des retraités venus de la rive gauche, attirés par le calme et la proximité du centre-ville et ses activités.

Ce basculement progressif s’amorce au début des années 2000. L’arrivée du tramway A, en 2003, donne un grand coup d’accélérateur à la dynamisation du quartier. Tous le disent, Bastide est un quartier calme à quelques stations de tramway de l’hyper-centre.

« La vie est beaucoup plus apaisée de ce côté-ci de la Garonne. Cela ne veut pas dire que le quartier est mort. On se croise, on se dit bonjour« , revendique Muriel Parcelier. « Il y a un certain art de vivre de la Bastide, un esprit de village qui est encore présent mais qui ne perdurera pas« , constate l’élue. Et ce même, « si les nouveaux arrivants s’inscrivent dans cette lignée« .

Signe de la volonté municipale de faire de la Bastide un quartier jeune, le Pôle Universitaire de Sciences de Gestion (PUSG) de Bordeaux IV est implanté rive droite depuis 2006. Les marchands de biens n’hésitent pas à acheter des immeubles, et les diviser en petits volumes pour mieux les revendre aux étudiants à la recherche d’un logement. Chantal Musset fustige certains d’entre eux qui n’hésitent pas à dénaturer l’intérieur des bâtisses.

La résidence "L'autre quai" jouxte le Jardin Botanique. (Crédit P.G.)

Des entreprises obligées de quitter le quartier

La mairie veut ainsi accueillir 15 à 17 000 nouveaux habitants de ce côté-ci de la Garonne à l’horizon 2030. La taille de la ville de Périgueux. Pour loger tout ce petit monde, il va falloir de la place. A l’instar de Paris ou de Lyon, haro sur les bâtiments bouffeurs d’espace. Raymond et sa grosse centaine de mètres carrés n’a pour l’instant rien à craindre. Ce n’est pas le vieil homme qui est dans le collimateur des urbanistes. Crayons entre les dents, ils dardent de leurs équerres et compas leur nouvelle cible: les entreprises. « Attention, pas toutes !  » nuance Sébastien Magloire, le directeur de la succursale bordelaise de l’entreprise de transports Mazet. « On est clairement visé. Avec nos parkings et nos entrepôts, nous occupons plusieurs hectares – une place précieuse. On nous a fait comprendre qu’il allait falloir trouver un nouvel emplacement assez rapidement« . La perspective de quitter le quai de Brazza l’ennuie. « Ici, nous sommes quasiment en plein centre de Bordeaux, et en même temps à quelques minutes  de la rocade. Pour nous, c’est l’endroit idéal.  En trouver un similaire sera compliqué« , confie le dirigeant d’entreprise.

Les projets de la mairie et de l’agglomération laissent peu de choix aux entrepreneurs installés sur le quai. Dans les vingt années à venir, le quartier industriel devrait muter en une zone mixte, combinant habitations, services publics, commerces et entreprises du tertiaire – le zonage des années 60 a fait long feu.

Entre nouveaux aménagements et préservation du patrimoine, un juste milieu est à trouver. Muriel Parcelier,  « veut essayer de garder le patrimoine ancien au maximum« . Et étudier également les possibilités de réhabilitation. « Pour les usines, chaque cas sera analysé. » Ainsi certains bâtiments ont été préservés comme la Halle Soferti, le 150 avenue Thiers, aujourd’hui occupé par les Roms ou l’ossature du gymnase Thiers, qui sera transformé en salle polyvalente. D’autres édifices – telle la Halle aux farines, où seront transférés les Archives municipales – ont été plus touchés par des travaux. « On aurait voulu garder plus de traces de l’histoire de la Halle aux farines« , témoigne l’élue, »mais ce sont les promoteurs les maîtres d’œuvre. Ils essaient de maintenir le bâti existant mais ne peuvent pas tout conserver« .

Cher et pas très attrayant

Malgré le prix très élevé du foncier de ce côté de la Garonne, de nombreuses sociétés viennent s’installer. La zone d’activité commerciale à côté du Mégarama, commencée en 1999, est sur le point d’être achevée. « Tout cela se fait en plusieurs étapes, on travaille sur des périodes allant de 10 à 15 ans. Les nouveaux projets pilotes vont démarrer en 2014-2015« , indique Muriel Parcelier. La mairie attend la désignation de l’aménageur, qui sera chargé du plan directeur en février/mars 2013. « Il faut donner envie aux promoteurs d’investir sur ce site« , témoigne l’adjointe au maire. Même si la mairie assure que pour l’instant aucune stratégie n’a été engagée pour faire venir les entreprises de ce côté de la rive, le directeur de l’entreprise de restauration industrielle Toquenelle, Daniel Rougeaux, évoque une demande de la mairie « qui souhaitait la venue d’un pôle de restauration à cet endroit« .

« S’installer dans un quartier en développement a un côté attrayant« , commente le chef d’entreprise. Comme pour les particuliers, le point noir reste le coût du foncier. « 180 000 euros annuels » pour le restaurant Toquenelle, « un loyer excessif, mais qui représente un investissement à long terme« . Le directeur de France Bleu Gironde, Gabriel Valdisseri, dont les locaux déménageront à Bastide, au printemps 2013, évoque «  un prix quatre fois supérieur à celui payé actuellement« . « C’est très élevé mais c’est le modernisme qui veut ça « , explique le directeur de la station. « A Bastide, les locaux seront neufs alors que rive gauche on nous proposait uniquement de l’ancien rénové« . L’hyper centre de Bordeaux saturé, la solution de Bastide est apparue très rapidement pour la radio. Plus de confort pour les salariés et les visiteurs, moins de déperdition en chauffage (« à hauteur de 40%« ).

Muriel Parcelier se veut optimiste. « La nouvelle zone d’activité commerciale suscitait beaucoup d’interrogations au début, puis par le bouche à oreilles, l’image a changé« .  235 entreprises se sont ainsi fixées dans le quartier entre 2004 et 2011**, avec une grande majorité de sociétés de services. Autre atout à prendre en compte, la zone franche qui permet de réduire les frais. « On aurait même pu optimiser ce cadre-là avec plus d’entreprises qui se seraient implantées« , commente la maire-adjointe.

Concrètement les avantages ne sont pas si nombreux. En termes de proximité comme de fréquentation. Pour les journalistes de France Bleu, toutes les institutions politiques et administratives sont situées rive gauche. « En semaine, il y a surtout les étudiants et les salariés. Le week-end, le quartier se vide« , constate Daniel Rougeaux. « Il y a un manque de diversité, la plupart des entreprises sont du secteur tertiaire« , reprend le patron de Toquenelle. Manque de musées, de lieux culturels, d’activités diverses… « La Bastide risque de devenir un quartier dortoir. Ce n’est pas pour rien que la majorité des habitants vivant ici ne sont pas des Bordelais« , conclue-t-il.

Autour de chez Raymond, d’autres petites maisons, identiques à la sienne, témoignent du passé industriel et ouvrier du quartier. Seule différence : les fenêtres et les portes de la plupart de ces bâtiments ont été murées. « Dès que le locataire meurt ou quitte les lieux, le logement reste vacant, il n’est pas reloué. Ils attendent qu’on ait tous déguerpi pour pouvoir raser les bâtiments restants” constate le vieux Bastidien.« Regardez la place que je prends, à moi seul, avec mes trois garages, mes cours et mes trois chambres« , ajoute-t-il, lucide. Dans ce nouvel Eldorado de l’immobilier, autant dire de l’or en barre…

Pauline Gleize, Emmanuel Grabey, Antoine Huot de Saint Albin et Laetitia Volga / BastideBrazzaBlog

* Le prénom a été modifié.

** Source : CCIT de Bordeaux

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Pont Jean-Jacques-Bosc : indissociable de Bacalan-Bastide ? http://bastidebrazzablog.fr/pont-jean-jacques-bosc-indissociable-de-bacalan-bastide/?utm_source=rss&utm_medium=rss&utm_campaign=pont-jean-jacques-bosc-indissociable-de-bacalan-bastide http://bastidebrazzablog.fr/pont-jean-jacques-bosc-indissociable-de-bacalan-bastide/#comments Tue, 30 Oct 2012 19:55:47 +0000 Pierre Garrat http://bastidebrazzablog.fr/?p=1640

Le pont Jean-Jacques Bosc, tel qu'il est imaginé dans le futur secteur "Euratlantique" sur le site de la mairie de Floirac. (mairie de Floirac)

A l’heure où la Communauté urbaine de Bordeaux (CUB) fête son nouveau pont Bacalan-Bastide, c’est un autre franchissement de la Garonne qui agite les milieux politiques : le pont Jean-Jacques Bosc. Celui-ci était prévu en amont de Bordeaux au débouché du boulevard qui porte le même nom (entre les pont Garonne -le nouveau pont de chemin de fer- et le pont François Mitterrand, ou pont d’Arcins) à l’horizon 2017. Mais cet horizon semble aujourd’hui s’éloigner, autour de 2020. Raison avancée : la crise.

Les raisons d’être des deux nouveaux ponts de l’agglomération sont pourtant intimement liées. Il s’agit de créer un boulevard circulaire, à la fois automobile et ferroviaire.

Sur le plan automobile, l’objectif de la CUB est d’évacuer encore un peu plus les voitures du centre-ville, et notamment celles en simple transit. L’idée est donc d’offrir aux automobilistes une solution médiane entre le centre-ville et les quais d’un côté, la rocade de l’autre. Or, sans « JJB » et sans des accès adéquats au pont Bacalan-Bastide, les effets sur la circulation risquent d’être bien différents de ceux escomptés.

Mais c’est sur le plan ferroviaire et plus largement des transports collectifs que ces deux ponts ont un grand intérêt. A terme, c’est bien une rocade ferroviaire entière qui pourrait être créée. Le maillon central d’un futur RER bordelais, voire girondin. « Notre objectif, c’est de pouvoir avoir des lignes du genre Arcachon-Libourne », explique Christian Broucaret, le président de la FNAUT Aquitaine (1).

L’obstacle du fleuve

 

Rive gauche, tout est déjà là, ou presque. La ceinture ferroviaire de l’agglomération, de la gare Saint-Jean à l’ancienne gare de Ravezies, en passant par Talence, Mérignac, Caudéran et Le Bouscat, a été complètement rénovée par la région en 2010. Rive droite, la plupart des emprises des anciennes voix de chemin de fer ont été conservées.

Principal problème, évidement : le franchissement du fleuve. Mais les ponts Bacalan-Bastide et Jean-Jacques Bosc ont été conçus, dès l’origine, avec des voies pour des transports collectifs en site propre. Il sera, un peu plus tard, très facile d’y poser des rails.

Cette ligne circulaire est fondamentale pour Christian Broucaret : elle améliorera les performances du réseau de transport collectif de la CUB. Les gains de temps de trajet pourraient être importants. Par exemple, depuis 2010 et l’ouverture d’une nouvelle gare TER, à Mérignac – Arlac, sur la ceinture ferroviaire rénovée, on peut rejoindre la gare Saint-Jean en seulement douze minutes en train. Il en faut quarante en tramway.

Une idée du futur RER bordelais ? (Pierre Garrat)

La révolution des transports bordelais passe par Jean-Jacques Bosc

 

On imagine aisément les gains de temps que les habitants de l’ouest de l’agglomération pourraient faire en prenant un TER ou un tram-train passant sur le pont Jean-Jacques Bosc, pour rejoindre la future Arena de Floirac, par exemple. Et inversement, pour ceux de la rive droite qui doivent rejoindre l’aéroport.

Il y a encore quelques semaines, tout allait bien. Le concours d’architectes pour le pont a même été lancé fin 2011. Mais voilà, la CUB est, elle aussi, touchée par la crise. Et son lourd programme d’investissement va devoir être, sinon réduit, au moins un peu plus étalé dans le temps.

C’est du moins ce qu’affirmait son vice-président chargé des finances, Ludovic Freygefond (maire PS du Taillan-Médoc), le 13 octobre dans Sud Ouest : « Il y a trop de choses dans la barque, il faut arrêter d’en mettre. Nous avons élagué les investissements, mais le compte n’y est pas, il faut refaire un tour de piste. »

A gauche comme à droite, tout le monde semble d’accord sur le constat. Gérard Chausset, vice président Europe-Ecologie – Les Verts de la CUB, chargé des « transports de demain », ne dit pas autre chose. « Quand vous avez les moyens de tout faire, vous faites tout ! Quand vous avez moins de moyen, il faut se poser la question des priorités. »

La crise a bon dos

 

Christian Broucaret ne nie pas la situation : « Bordeaux et la France ne sont pas des régions isolées. La crise touche le Portugal, l’Espagne l’Italie autour de nous…je ne vois pas comment on pourrait y échapper. » Mais le président de la fédération des usagers explique la priorité qu’il donne à « JJB » par la crise, justement.

« Avec l’augmentation des prix de l’énergie, nous allons être obligés de devenir vertueux dans nos usages, et notamment dans nos transports. Alors moi, quand il ne me reste que 50 euros à la fin du mois, je préfère acheter à manger (privilégier les investissements dans les transports collectifs, et donc faire le pont Jean-Jacques Bosc, ndlr) plutôt que de m’acheter une grande télé couleur (construire le Grand Stade et/ou l’Arena, ndlr). »

Gérard Chausset, qui dit s’exprimer à titre personnel sur le sujet, ne voit pas les choses d’une manière aussi radicale : « Il y a des aménagements à faire ailleurs sur les transports collectifs, sur la rocade, sur la politique vélo… Il faudra faire Jean-Jacques Bosc, mais en attendant, on peut prendre le pont François Mitterrand, qui n’est pas si loin, et le pont Saint-Jean, largement sous-utilisé. »

Le pont Jean-Jacques Bosc, estimé à 130 millions d’euros, correspond presque au trou de la CUB dans son budget d’investissement. Il semblait donc être la victime idéale. Mais la question des dossiers prioritaires est devenue une question politique.

Un nouvel avatar de la guerre Juppé/Feltesse

 

La cogestion entre la majorité de gauche à la CUB et l’opposition de droite -mais qui tient quand même la mairie de la ville centre- donne depuis quelques mois, l’impression de se déliter. Depuis que Vincent Feltesse, le président PS de la CUB, s’est fait élire député dans le centre de Bordeaux, grâce à la nomination de Michèle Delaunay au gouvernement, la guerre est déclarée avec Alain Juppé, le maire UMP de Bordeaux, en vue de la municipale de 2014.

Tout devient sujet à polémique entre les deux camps. Gérard Chausset n’est pas choqué : «  A un an et demi des élections, c’est normal que les choses se politisent un peu plus ».  Christian Broucaret le note aussi. Mais  il regrette que ces péripéties aggravent le manque de vision « cubienne des choses », à l’échelle de la métropole. « A continuer à avoir une vision de l’aménagement commune par commune, la structure de l’agglomération va perdre la confiance de la population. »

Christian Broucaret est très pessimiste sur la réalisation du pont dans les délais prévus alors que Gérard Chausset pense lui au contraire qu’au final, il sera sur la liste des priorités. Les derniers arbitrages devront prochainement être rendus.

Pierre Garrat / BastideBrazzaBlog

(1) Fédération Nationale Autonome des Usagers des Transports, section Aquitaine.

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Accès routiers au pont : une question encore en chantier http://bastidebrazzablog.fr/acces-routiers-au-pont-une-question-encore-en-chantier/?utm_source=rss&utm_medium=rss&utm_campaign=acces-routiers-au-pont-une-question-encore-en-chantier http://bastidebrazzablog.fr/acces-routiers-au-pont-une-question-encore-en-chantier/#comments Tue, 30 Oct 2012 10:33:19 +0000 borisjullien http://bastidebrazzablog.fr/?p=1222 L’absence de nouvelle voirie pour accéder au pont Bacalan-Bastide inquiète les riverains. Les
25 000 véhicules quotidiens, disent-ils, risquent de créer des bouchons dans tout le quartier.

"Le pont levant est démesurement large. Or les avenues qui vont le desservir ne le sont pas." Crédit : B.J.

« Nous vivons quand même dans un quartier tranquille : il ne faudrait pas que l’on soit envahi par les voitures« , regrette déjà André Barret. Le riverain, président du collectif Cap Bastide, s’inquiète. En cause : les quelque 20 000 à 25 000 véhicules quotidiens prévus par la Communauté Urbaine de Bordeaux qui franchiront la Garonne.

La CUB a peu ou prou choisi de faire avec la voirie existante. Quelques aménagements épars, indique le journal Sud Ouest, mais pas de grosse révolution dans le plan de circulation. Pour le collectif Cap Bastide, c’est aberrant : « Le pont levant est démesurement grand. Et large, surtout. Or les avenues qui vont le desservir ne le sont pas« , explique André Barret.

De l’avis général, les itinéraires principaux, quai de Brazza et rue Charles Chaigneau, ne suffiront pas à absorber le flux de circulation (en vert sur la carte ci-dessous). « C’est une évidence, analyse Christian Broucaret, président aquitain de la Fédération Nationale Autonome des Usagers des Transports en commun. Les gens vont prendre des itinéraires malins (en rouge) pour éviter les bouchons aux débouchées du pont. »

Principales concernées : la rue Lajaunie, la rue du commandant Cousteau, la rue de Lauzac, la rue André Degain et la rue des vivants. Autant de chemins qui tissent un réseau d’alternatives entre l’avenue Thiers et le pont Bacalan-Bastide. Mais, entre le secteur pavé de la rue Lajaunie et l’étroitesse du passage sous la voie ferrée de la rue Gaston Leroux, ces alternatives ne semblent pas adaptées au flot d’automobilistes à venir.

Pis, au bout de la rue Charles Chaigneau, pourtant parmi les itinéraires principaux, la route passe sous le chemin de fer sans que la voie puisse être élargie : un vrai  »goulot d’étranglement », concède Gérard Chausset, le vice-précident de la CUB chargé du transport de demain. Disons, un entonnoir.

La stratégie de la CUB est paradoxale : d’un côté, la construction d’un pont 2×2 voies ; de l’autre, un accès routier plutôt restreint, quasi volontairement. « Le pont Bacalan-Bastide n’est pas le pont d’Aquitaine, rappelle Gérard Chausset. C’est un pont qui se veut urbain. » Et l’élu écologiste de continuer : « Il faut éviter d’en faire un pont autoroutier : plus on va faire des aménagements, plus ce que les gens craignent — un afflux massif de voitures — risque d’arriver. »

Autrement dit : plus le tuyau est gros, plus l’eau peut couler à l’intérieur. Et la politique pro-voiture est révolue, alors pas question d’engluer davantage Bordeaux.

À écouter Christian Broucaret, favorable au développement des transports en commun, les mauvais accès routiers seraient presque une aubaine à saisir. Idem pour Gérard Chausset. « Si les accès verrouillent un peu la circulation sur le pont, il faudra alors en profiter pour faire évoluer les comportements tant automobiles que sur la mobilité en général, anticipe-t-il. Dans 20 ans, peut-être que les usages du pont seront différents. Et les voies qui paraissent superflues aujourd’hui seront peut-être utiles pour demain. »

En attendant, le chef d’oeuvre de la mandature d’Alain Juppé ressemble un peu à une mauvaise construction dans le jeu vidéo Sim City. Un pont relié, si ce n’est à rien, à un réseau routier trop faible pour supporter le trafic qu’il génèrera.

Boris Jullien / BastideBrazzaBlog

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Les médias à l’assaut du pont levant http://bastidebrazzablog.fr/les-medias-a-lassaut-du-pont-levant/?utm_source=rss&utm_medium=rss&utm_campaign=les-medias-a-lassaut-du-pont-levant http://bastidebrazzablog.fr/les-medias-a-lassaut-du-pont-levant/#comments Fri, 26 Oct 2012 06:49:51 +0000 paulinegleize http://bastidebrazzablog.fr/?p=786

Certains médias ont dépêché plusieurs équipes de journalistes pour l'occasion. Photo P.G.

Lors de la pose de la travée centrale du pont Bacalan-Bastide, architecte et représentant du maître d’ouvrage, se mettent à disposition des médias. A l’arrivée des politiques la mécanique se grippe. Au moment de la jonction symbolique des deux rives : le ballet des ouvriers et des élus se déroule sur la passerelle piétonne, loin du groupe de presse placé sur la future chaussée. Plaintes et astuces des journalistes s’ensuivent pour glaner images et sons d’ambiances.

Pauline Gleize / BastideBrazzaBlog

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Pont Chaban-Delmas : fin d’une bisbille sans nom http://bastidebrazzablog.fr/pont-chaban-delmas-fin-bisbille-sans-nom/?utm_source=rss&utm_medium=rss&utm_campaign=pont-chaban-delmas-fin-bisbille-sans-nom http://bastidebrazzablog.fr/pont-chaban-delmas-fin-bisbille-sans-nom/#comments Mon, 22 Oct 2012 20:03:02 +0000 borisjullien http://bastidebrazzablog.fr/?p=231 Avant la pose du tablier central, demain, le pont communément appelé « BaBa » s’est fait un nom. Officiel, celui-ci. La commission viographie, qui baptiste les rues, places et ponts municipaux, a proposé de dénommer le futur pont levant, pont Jacques Chaban-Delmas. La proposition, formulée par Alain Juppé, a été adoptée par la majorité lors du conseil municipal, cet après-midi.

Alain Juppé a donc eu le dernier mot. Son probable concurrent à la mairie de Bordeaux en 2014, Vincent Feltesse, actuel président de la CUB, suggérait plutôt de nommer le pont, pont Toussaint-Louverture. Un hommage à cet esclave affranchi, héros de la lutte contre la traite négrière.

Favorable à la proposition du Socialiste, l’opposition PS a préféré ne pas voter pour le nom choisi par Alain Juppé. Non par désapprobation de Chaban-Delmas lui-même, rapporte le journal Sud Ouest, mais en raison de la méthode du maire de Bordeaux.  »Vous avez pris seul le choix de ce nom, a lancé Matthieu Rouveyre, le conseiller municipal PS, à Alain Juppé. Vous n’êtes pas hostile à la concertation tant qu’elle va dans votre sens. »

Mais la bataille était gagnée d’avance. Entre la communauté urbaine, qui mène et finance le chantier, et la mairie de Bordeaux, c’était à la municipalité de décider. Fin de la discussion. Après le stade des Girondins, Jacques Chaban-Delmas aura donc un pont à son nom.

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La travée centrale du pont Bacalan-Bastide est arrivée http://bastidebrazzablog.fr/la-travee-centrale-du-pont-bacalan-bastide-est-arrivee/?utm_source=rss&utm_medium=rss&utm_campaign=la-travee-centrale-du-pont-bacalan-bastide-est-arrivee http://bastidebrazzablog.fr/la-travee-centrale-du-pont-bacalan-bastide-est-arrivee/#comments Fri, 19 Oct 2012 19:10:08 +0000 Pierre Garrat http://bastidebrazzablog.fr/?p=143

Cette sorte d'aile est arrivée sur sa barge vendredi matin, sur le site du pont. (photo : Pierre Garrat)

Vendredi 19 octobre, dans la matinée, est arrivée à Bordeaux la travée centrale du pont Bacalan-Bastide. Une opération qui en précède une autre, bien plus ardue : l’installation de la travée à sa place définitive. Dès mardi 23 octobre, jour des hostilités, elle trônera entre les quatre pylônes. 

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Pauline Gleize & Pierre Garrat / BastideBrazzaBlog

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Anatomie d’un pont http://bastidebrazzablog.fr/baba-anatomie-dun-pont/?utm_source=rss&utm_medium=rss&utm_campaign=baba-anatomie-dun-pont http://bastidebrazzablog.fr/baba-anatomie-dun-pont/#comments Fri, 19 Oct 2012 09:59:32 +0000 marcbourreau http://bastidebrazzablog.fr/?p=127

Des allures de monstre dans un corps d’athlète. Trois ans d’un chantier colossal ont donné vie au Pont Chaban-Delmas. Dissection d’un monument entre deux rives.

Grand format

 

Marc Bourreau, Jean-Babtiste Bourgeon, Clément Lannuque & Alix Mounou / BastideBrazzaBlog

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